Dans les premiers temps de l’automobile, on croyait embellir les voitures en les surchargeant de babioles prétendument décoratives – mais sans les empêcher de ressembler encore aux carrosses d’autrefois : un porte-bouquet par-ci, un napperon en dentelle par-là, et pourquoi pas un pommeau de nacre pour le frein à main ? Il a fallu la découverte de l’aérodynamique pour que les carrosseries s’épurent, se délestent de tous ces appendices inutiles ; bref, pour que les « autos » deviennent pleinement elles-mêmes : des mobiles dont les formes sont conçues pour fendre l’air le plus efficacement possible.
On peut penser qu’il en va de même du message du Christ. Dans les premières générations chrétiennes, les disciples du rabbi de Nazareth ont réagi comme les « designers » automobiles de la fin du XIXe siècle. Dans leur enthousiasme, ils ont cru mettre en valeur (pour ne pas dire enjoliver !) l’enseignement et l’exemple de Jésus en les emberlificotant de prodigieux colifichets destinés à forcer l’admiration des foules, voire à leur inspirer une terreur « sacrée » : pouvoirs stupéfiants ou actions contraires aux lois de la nature visaient à prouver que Jésus était un être sur-naturel, et donc divin ! Mais on ne peut manquer d’observer que tous ces accessoires proviennent des magasins du paganisme !
Pour retrouver la vérité et la beauté « aérodynamique » de l’Évangile, ne devrait-on pas le décaper de tous ces prodigieux gadgets dans lesquels, aujourd’hui encore, certains cherchent autant de preuves de la divinité de Jésus le Christ ? Comme les carrosseries actuelles, la beauté intrinsèque du message de Jésus est dans son élan, son envol essentiel : « Dieu est amour » ; « Ce que vous faites au plus désespérant des humains, c’est à Dieu que vous le faites… », etc. Voilà le vrai prodige ; voilà la véritable Bonne-Nouvelle de l’Évangile – par delà les effets spéciaux et les pseudo-prodiges tape-à-l’oeil ! Car tout le reste est pieuse littérature !
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