Rédiger une déclaration de foi pour une Église qui se veut pluraliste, c’est un sacré défi pour les rapporteurs du prochain synode national EPUdF. Ceux-ci ont manifestement choisi de dépasser les conflits habituels entre « libéraux » et « conservateurs » par la proposition d’un texte de type « kérygmatique ». Dérivé du grec, ce mot signifie « proclamation ». Il fut l’un des termes clefs des théologies à la mode avant et après guerre, notamment celles des deux grands rivaux que furent Barth et Bultmann. Le message du christianisme culminant pour eux dans la proclamation de la Seigneurie du Christ et/ou du Royaume de Dieu, la foi s’accomplissait par la « décision » en faveur du Royaume inauguré en Christ.
Le texte de la proposition de base est rythmé au fil des paragraphes par la référence récurrente à la « Parole » et à ses effets. C’est un choix d’approche. Reste à se poser cette question : le texte actuel est-il de facture « protestante » ou plus généralement « chrétienne » ? Des thèmes majeurs y sont abordés : la théologie de la Parole, la conversion comme vie renouvelée, les Écritures référentielles, la justification par la foi sans les œuvres, la christologie (vie, mort, résurrection du Christ), la grâce, l’amour de Dieu, l’agapè, l’importance de la prédication et des sacrements, l’attachement à l’œcuménisme, etc. Mais on peut noter aussi l’absence de lieux théologiques essentiels : la théologie (de quel Dieu est-il question ?), l’eschatologie (quelle espérance par-delà la vie ?), la pneumatologie (quelle action remplit l’Esprit de Dieu ? Joue-t-il un rôle dans la réception de la Parole ?), … Malgré cela, il est manifeste que le texte de base peut être proclamé par la plupart des Églises chrétiennes. Outre la référence à la justification par la foi (mais depuis la Déclaration commune de 2000 les catholiques se montrent ouverts à cette thématique) et celle concernant les confessions de foi de la Réforme, on ne peut pas dire que le texte de base soit particulièrement « protestant ». Peut-être que l’affirmation des sola fide, sola gratia, sola scriptura, du soli Deo gloria et du semper reformanda de la Réforme aurait suffi pour « déclarer » la foi de l’EPUdF, mais c’était là, il est vrai, un tout autre angle d’approche.
Pour faire un don, suivez ce lien