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Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance Romains 8,24

 

N8-2006-10-13-006 Dans la Bible hébraïque, l’espérance est cette confiance inébranlable dans le secours de Dieu qui protégera son peuple et le sauvera des périls. Espérance d’une postérité à Abraham, de la libération de la servitude égyptienne ou babylonienne. Espérance de la terre promise, etc. L’espérance accompagne cet exode qui permet de traverser les déserts et les épreuves. Du temps des occupations grecque et romaine, la situation d’Israël était tellement désespérée qu’il n’y avait plus qu’à attendre, dans l’espérance, que Dieu envoie son Messie et établisse sur la terre son Royaume fait de paix et de prospérité.

L’apôtre Paul a connu ces temps difficiles et cette espérance du Royaume prêchée par les Pharisiens : J’estime en effet que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous, écrit-il aux Romains. Puis il précise : Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance. Phrase admirable qui se moque du déroulement du temps. « Nous avons été sauvés » est une phrase au passé, mais c’est en espérance parce qu’il s’agit du futur. Le salut est derrière nous, mais en fait il est devant nous. Nous avons été sauvés, mais nous ne le sommes pas encore. Le salut est dans la fragilité du temps. Il est une espérance du futur à cause de l’histoire passée. À cause de ce peuple juif qui a toujours fait confiance à son Dieu, à cause de ce Jésus qui a délivré des paroles libératrices.

Venons-en aux évangiles qui ne parlent plus d’espérance, alors que tout le monde juif, du temps de Jésus, était fatigué de la dureté des jours sous l’occupation romaine et n’espérait plus qu’en la venue du Messie qui apporterait la paix et la prospérité pour toujours. Cette espérance était concrétisée par l’attente du Royaume de Dieu qui effectivement prend beaucoup de place dans la prédication de Jésus. Mais il en transforme radicalement la compréhension. Pour lui, le Royaume n’est pas à attendre, à espérer, mais à construire, à faire venir. Il est confié aux hommes, il est là, Il s’approche si nous avons compris que nous devons collaborer avec Dieu pour sauver le monde. L’espérance juive était une attente confiante. Jésus nous entraîne dans une action confiante. Cherchez plutôt le Royaume de Dieu et sa justice. Il nous faut aller le chercher, ce Royaume, participer à sa construction. Le temps de l’attente est terminé. Nous devons passer maintenant au temps de l’action. Le Royaume de Dieu ne viendra pas un beau matin, lorsque Dieu l’aura décidé en envoyant son Messie pour mettre de l’ordre dans le monde, mais il résultera d’une transformation progressive de ce monde, que les hommes doivent entreprendre en ayant confiance en Dieu et en mettant en pratique sa Parole.

Aujourd’hui, avec tous les problèmes qui sont devant nous, nous ne voyons pas bien avancer cette transformation progressive, capable de nous entraîner vers un monde meilleur. Échec peut-être d’un certain christianisme qui s’est trop intéressé aux dogmes et aux doctrines et pas assez au commandement de l’amour.

Cependant, bien que n’employant pas le mot, l’espérance est aux quatre coins des évangiles. Voyez, dit Jésus, les aveugles retrouvent la vue, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent et les morts ressuscitent. Ce qui est impossible est devenu possible. « Si vous aviez la foi comme une graine de moutarde vous diriez à cette montagne va de l’autre côté, et elle irait » (Mt 17,20). La foi décuple les forces, donne du courage, permet des initiatives, invente des chemins nouveaux. Et nous avons de bonnes raisons d’espérer, lorsque nous voyons toutes ces bonnes volontés à l’oeuvre pour aller au secours des plus démunis, et dire aux puissants qu’il faut organiser la solidarité.

L’espérance qui est cachée dans les évangiles, c’est que Dieu vient, avec son Royaume, à chaque fois que la solidarité s’exerce dans le monde, dans notre pays, dans notre Église, dans notre immeuble, dans notre rue, à notre travail. Et qu’il ne faut pas désespérer de ces gestes qui sont des signes discrets du Royaume qui vient

 

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À propos Henri Persoz

est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

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