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La déclaration de foi : une exhortation non dogmatique

 

J-M de Bourqueney 1Les débats, lors de la fondation de L’Église Réformée de France (ERF), en 1938, furent intenses. Plusieurs unions d’Églises, plusieurs sensibilités durent dialoguer, souvent s’affronter pour parvenir à un compromis. L’un des points forts de ce compromis fut de ne pas faire une « confession » de foi mais une « déclaration » de foi. On joue sur les mots, me direz-vous. Et c’est vrai que nos synodes regorgent de débats byzantins sur des virgules ou des détails… Mais je crois que ce compromis fut visionnaire. Dans le langage de son temps, incarnée dans son temps, cette déclaration n’obligeait pas les fidèles à signer une dogmatique. Elle était entendue dans les moments importants de la vie de l’ERF, notamment les synodes et les cultes particuliers : installations de conseil, reconnaissances de ministères, etc. Pour ma part, je l’utilisais volontiers pour les confirmations qui marquent le passage à l’âge adulte, et donc à la responsabilité, des catéchumènes. Bref, une déclaration, plus qu’une confession, a une portée symbolique et solennelle. Elle n’est ni normative ni dogmatique. Elle résonne comme une exhortation liturgique.

Cet étendard nous rassemblait autour d’une commune vocation : témoigner de l’Évangile dans notre temps. C’est aussi pour cela qu’il faut réécrire une déclaration pour notre temps. Disons-le donc tout de suite : elle aura une durée de vie limitée, car c’est sa fonction même : dire pour aujourd’hui, pas pour l’éternité. Cette modestie d’une déclaration de foi nous ressemble bien. Nous n’avons jamais eu la prétention de définir la foi de toujours, mais juste de mettre des mots sur une réalité ultime qui nous dépasse. La déclaration de foi doit donc nous recentrer sur ce qui fait l’étoffe de notre démarche théologique : nous sommes des chercheurs de Dieu, pas des détenteurs d’une Vérité unique et imposée. Il faut le dire à notre monde : religion ne rime pas forcément avec dogmatisme ou repli. Dans nos différentes formes de libéralisme, à Évangile & liberté, nous revendiquons cette humilité de formulation comme une valeur fondamentale. Toute expression de foi peut être audacieuse, mais elle est relative, circonstanciée et limitée dans le temps. Peut-être d’ailleurs pourrions-nous, comme ce fut le cas dans la déclaration de 1938, qui évoque « la lutte contre les fléaux sociaux », mentionner notre réalité contemporaine. C’est un débat que nous aurons dans les mois à venir, dans une série d’articles sur ces sujets.

Nos désaccords théologiques existent. Et alors ? Qui voudrait en 2017 d’une Église « monocolore » ? À mon sens, celle-ci serait soit intégriste soit insipide. De ces deux écueils, nous ne voulons pas. Faisons un texte qui ait du souffle, qui fasse résonner dans nos temples et nos synodes, une exhortation joyeuse, qui entraîne plus qu’elle n’écrase ou décourage. Une confession de foi trop « cadrée » serait une forme d’identité prédéfinie, un catéchisme prémâché. Nous préférerons toujours la singularité des expressions de foi aux identités repliées, parfois meurtrières. Mettons-y du souffle, fragile ou puissant mais jamais excluant.

 

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À propos Jean-Marie de Bourqueney

est pasteur de l’Église protestante unie. Il est actuellement à Paris-Batignolles. Il est notamment intéressé par le dialogue interreligieux et par la théologie du Process.

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