Le mot deuil vient du verbe latin dolere : souffrir. Le deuil est la perte d’une personne à laquelle on est fortement attaché ; c’est aussi la douleur que l’on éprouve et les signes extérieurs qui y sont associés.
Le « travail de deuil » est une expression créée par Sigmund Freud en 1917 ; elle est aujourd’hui couramment employée, si ce n’est galvaudée, par les médias. Pour Freud, ce travail s’accomplit en trois phases : la confrontation à la réalité ; la rébellion, phase durant laquelle la personne a du mal à accepter la réalité et tente de négocier ; enfin l’acceptation de la perte de la personne aimée. Certains psychiatres introduisent une phase dépressive avant l’acceptation.
La mort fait partie de la condition humaine et pourtant elle nous trouve toujours désemparés. Plus que la peur, la conscience de la mort suscite l’angoisse car la mort c’est l’inconnu radical ; c’est aussi la limite à laquelle l’humain se heurte, lui qui voudrait tout maîtriser. C’est ce que les rédacteurs de la Genèse ont traduit par « Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais, car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Gn 2,16-17). Il y a deux limites de l’existence humaine : la naissance et la mort et nous savons qu’elles nous échappent.
Dans son ouvrage intitulé Le courage d’être, le théologien Paul Tillich (1886-1965) traite de la vie humaine (l’être) et de ce qui la menace (le non-être). Il discerne chez l’humain trois grandes angoisses existentielles : la culpabilité, l’absurde et la mort. Vivre demande du courage ; le courage n’élimine pas l’angoisse, il l’assume. Les croyances en l’immortalité de l’âme ou en la réincarnation sont des tentatives pour en émousser ou en masquer la radicalité ; la résurrection du Christ se situe dans un registre assez différent : elle assume la mort et affirme son dépassement. « La vie, même vaincue provisoirement, demeure toujours plus forte que la mort », déclarait Martin Luther King.
Tillich pose la question : « D’où vient le courage ? ». La source du courage qui nous permet de vivre et de résister à ce qui tend à détruire l’être, nous la désignons par le terme de transcendance et nous l’appelons Dieu. Ainsi, l’analyse du courage d’être, du courage de vivre conduit à la question religieuse.
Mais il faut penser Dieu non pas comme extérieur à nous, ni comme identique à nous, mais comme cette puissance d’être, cette puissance pour la vie, qui nous habite et agit en nous sans se confondre avec nous. Pour Tillich, il y a un lien étroit entre la vie, le courage et la foi. La vie demande toujours du courage et le courage est toujours une foi.
Martin Julier-Costes, sociologue, analyse les réactions des jeunes confrontés à la mort d’un ami. Louis Pernot, pasteur, fait part de son expérience dans cette circonstance et de l’aide que l’Église peut apporter
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