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Pour en finir avec l’allégorie

 

Le hasard des parutions fait que deux mois après le florilège de 15 prédications helvétiques (voir article page ci-contre) sort le recueil de 15 sermons de notre ami et collaborateur Henri Persoz. Toute ressemblance entre ces deux publications s’arrête au nombre de textes proposés. L’ouvrage suisse se présente, selon son sous-titre, comme un « best of » exposant « la diversité des formes que peut prendre la prédication » et « encourageant les discussions sur ce qu’est une bonne prédication ». L’ouvrage d’Henri Persoz est une œuvre personnelle qui entend défendre une position théologique exposée dans une introduction substantielle, au titre programmatique : « Du bon usage des mythes et des allégories ». C’est l’unité de ton et de projet qui frappe à la lecture de l’ouvrage ; un même danger est dénoncé tout au long des cent vingt pages, celui d’une lecture trop allégorique de ces mythes que sont beaucoup des récits du Nouveau Testament.

L’introduction rappelle la formule de Paul Ricœur qui définit le mythe comme un récit « qui vise autre chose que ce qu’il dit » et les quinze sermons sont autant d’efforts pour atteindre cet « autre chose » que vise le texte, sans recourir à une lecture allégorique qui trouverait cet « autre chose » dans un sens caché évoquant des réalités surnaturelles et irrationnelles.

Henri Persoz prêche depuis quarante ans et s’inscrit explicitement dans la lignée du pasteur Louis Simon. En 1998, ce dernier avait publié un Mon Jésus qui a fortement marqué beaucoup d’entre nous ; ce recueil de prédications proclamait un Jésus résolument non religieux. Nul doute que le Jésus d’Henri Persoz est le même que celui de Louis Simon. Comme l’annonce le titre, il s’agit de « ne pas se tromper de royaume » et, comme le souligne André Gounelle dans sa préface, le royaume proclamé par Jésus n’est pas une « réalité surnaturelle extérieure à notre monde ». Aussi, c’est à une lecture qu’on pourrait dire « horizontale » des textes que nous convie Henri Persoz, une lecture qui nous fait rencontrer un Jésus défenseur des laissés pour compte de la société, promoteur d’une solidarité sociale envers les plus fragiles, et libre de tout préjugé.

Les quinze passages bibliques retenus sont issus pour onze d’entre eux des évangiles, essentiellement ceux de Matthieu et de Luc. Quatre textes viennent du livre des Actes. Il est frappant que la moitié des textes (sept) soient des paraboles qu’Henri Persoz se plaît à lire pour ce qu’elles sont, des récits prosaïques parlant de la vie ordinaire mais dont se dégage un enseignement extraordinaire. C’est à « désallégoriser » les paraboles que s’emploie l’auteur. Parvient-il toujours à « écouter le texte en ne s’écoutant pas trop lui-même » selon la maxime qu’il se fixe en introduction ? Le lecteur jugera. Le « pas trop » est prudent et sans doute tout prédicateur est-il un peu ventriloque lorsqu’il fait parler les textes. Henri Persoz nous découvre « son » Jésus, qui est probablement celui de la plupart des lecteurs d’Évangile et liberté.

Recueil de prédication d'Henri Persoz

Recueil de prédication d’Henri Persoz

 

Henri Persoz, Ne nous trompons pas de royaume, édition La Barre Franche, 2015 (117 p.)

Pour acheter : http://resister-online.com ou dans les librairies :

Un temps pour tout (Paris) ;

Carêve (Toulouse) ;

Oberlin (Strasbourg).

 

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À propos Sylvie Queval

a été enseignant-chercheur en philosophie à l’Université de Lille 3. Depuis sa retraite, elle anime le cercle Évangile et liberté de l’Aude.

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