François Ier meurt le 31 mars 1541 ; le Duché du Poitou est offert à James Hamilton, un noble protestant écossais, afin de resserrer les liens avec l’Écosse. Celui-ci devient Duc de Châtellerault en 1548, et il va aider à la diffusion du protestantisme (avec Calvin, qui a fait un séjour dans la région), surtout auprès des personnes instruites de la ville. La chapelle du château fut bientôt transformée en temple pour accueillir les cultes réformés, et il fit venir Guillaume Cointat, pasteur de Poitiers, en 1560. Ce comportement lui valut de nombreux ennuis au cours des guerres de religion, et il sera dépouillé de son titre de Duc, la ville rattachée au domaine royal et les persécutions contre les protestants reprirent de plus belle.
L’Édit de Nantes est-il vraiment de Nantes ?
Oui, s’il s’agit du lieu de signature. Et d’ailleurs, quand a-t-il été signé ? À quelle date ? Voyons ce qu’on peut trouver sur la question.
Certains auteurs parlent d’« Édit de tolérance », mais ce mot ne figure pas dans le texte, il avait en plus une connotation négative à l’époque – comme aujourd’hui d’ailleurs, qu’on se rappelle seulement la phrase attribuée à Clemenceau : « La tolérance, il y a des maisons pour ça. »
Le terme le plus probable est celui d’« Édit de pacification » (mais il y a eu de nombreux Édits de pacification, le premier étant probablement l’Édit de Saint-Germain en janvier 1562), mais d’autres analyses préfèrent le terme de « Traité » puisqu’il a été négocié, et pendant fort longtemps. Ce qui est sûr, c’est que l’Édit de Nantes tel qu’il a été mis en forme à Châtellerault, reprend en grande partie les dispositions des précédentes tentatives de pacification ; sa principale qualité est d’avoir duré beaucoup plus longtemps.
Par ailleurs, on sait que c’est en fait un ensemble de textes qui ont été signés à différentes dates, on avance souvent deux dates : 13 avril et 30 avril 1598. En réalité, les sceaux royaux apposés sur ce type de documents ne mentionnent pas le jour mais seulement le mois et l’année.
L’Édit a probablement été signé à Nantes, mais il a été préparé à Châtellerault, au cours d’un synode qui se tenait dans la ville. Ce synode, ou « Assemblée des Réformés », était composé de délégués de chaque province de France, et a préparé la négociation avec le roi de France, Henri IV, sur la position des Protestants dans le royaume et les garanties associées (des places fortes dont Châtellerault). Cette négociation aboutit à l’Édit de Nantes de 1598. Après ce travail préparatoire, les délégués à l’assemblée de Châtellerault ont toutefois été priés de quitter les lieux promptement, dix d’entre eux seulement étant autorisés à rester assemblés, mais cette fois-ci à Saumur, pour veiller à l’exécution des dispositions de l’Édit.
On peut aussi signaler que le premier texte signé a été perdu, il en existe une copie à la Bibliothèque de Genève, laquelle copie a été enregistrée par deux notaires châtelleraudais, Faulcon et Larcher, notaires royaux, et signée par eux.
Alors ? Châtellerault ? Nantes ? Ne nous prononçons pas ici, l’important est que Châtellerault a certainement joué un rôle important dans cet événement majeur pour le protestantisme et les protestants.
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