Devant un conflit violent, meurtrier, qui déchire Israéliens et Palestiniens depuis des décennies, deux peuples pourtant si proches, est-on obligé d’être « pour » les uns et « contre » les autres ? Est-on contraint à penser qu’il y a les victimes et les coupables, sans nuance ? Les bons cowboys et les vilains indiens des westerns de mon enfance ? À moins que ce ne soit l’inverse, car j’ai toujours préféré les indiens… En politique française, est-on obligé de penser qu’un gouvernement pour lequel on n’a pas voté ne fait, par essence, que des « bêtises » et que « notre camp » ferait forcément mieux ? Pire, est-on contraint de dire qu’une même loi (défendue par les uns et les autres) est bonne ou mauvaise selon qui la met en œuvre ? Est-on obligé de dire que tout gouvernement qui ne ressemble pas exactement à nos systèmes européens n’a pas le droit d’être qualifié de démocratie ? Ou que seule la République garantit cette démocratie, oubliant que de nombreux pays européens démocratiques sont des Monarchies et que les pires dictatures sont des Républiques ? Est-on obligé, comme les jeunes, de dire que les choses sont « trop biens » ou « trop nulles » ? Est-on encore forcé de dire, quand on est protestant, que tout ce qui « fait » catho est par définition, nul, idolâtre et condamnable ? Le pape a-t-il le droit d’avoir raison ?
Je pourrais multiplier à l’envi mes énervements devant ce monde qui coupe en deux jusqu’à se couper les cheveux en quatre. Notre temps n’est pas celui de la subtilité. Je le regrette car celle-ci est plus que jamais indispensable pour penser la complexité du monde. Lorsque je m’énerve ainsi, je reviens au fondement, à l’Écriture, à l’Évangile. Qu’y vois-je ? Certes un Jésus qui a des paroles fortes ou même des gestes de colère… Mais pas tout le temps ! La colère est parfois nécessaire, mais la subtilité de l’analyse que fait Jésus de chaque situation nous invite à plus de modestie dans nos jugements à l’emporte-pièce. Jamais, par exemple, il n’enferme les personnes qu’il rencontre dans leurs identités : le pécheur impur, la femme infidèle, le collecteur d’impôts détesté, le criminel cloué à ses côtés,… En un mot, Jésus est « subtil » dans son humanité et dans sa spiritualité. Et si on s’en inspirait, pour ne plus voir le monde en noir et blanc ?
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