Entre l’antiquité et la fin du Moyen Âge, science, philosophie et religion sont assez étroitement mêlées. Mais cette « préhistoire » de la science n’a rien à voir avec ce que nous connaissons. La science moderne a pris son essor à la fin du XVIe siècle avec Galilée, qui est le premier à avoir confronté des théories à l’expérience. On connait les déboires de Galilée « hautement suspect d’hérésie » et contraint, par l’Église, de se rétracter, sous peine de finir ses jours en prison.
Les découvertes scientifiques, en remettant en question les connaissances sur l’univers et sur l’homme, ont permis à la théologie d’avancer. Mais aujourd’hui, scientifiques et théologiens ont tendance à rester chacun dans leur domaine.
Le théologien a-t-il des choses à dire au scientifique ? Il ne peut en aucun cas, au nom de la religion, imposer ou interdire un domaine de recherche, ou discuter des résultats. S’il intervient, avec raison, dans le domaine éthique, ce ne peut être que pour avertir des dangers de l’utilisation de certains résultats. Pourtant, puisqu’il pense que Dieu interagit avec le monde, il devrait pouvoir dialoguer avec le scientifique.
De son côté, la science ne peut pas discourir sur Dieu qui n’est pas un objet d’expérience, bien que certains aujourd’hui, comme Richard Dawkins, pensent que la question de l’existence de Dieu est un problème scientifique. La science n’a presque rien à dire sur ce qui touche au domaine de l’affectif ou des opinions : l’art, la beauté, l’amour, la foi. Bien des théologiens soulignent d’ailleurs qu’une démonstration scientifique de l’existence de Dieu ferait disparaître la foi en même temps que le doute. Si le scientifique a des convictions sur Dieu, il ne s’agit que d’idées personnelles, comme peut en avoir un avocat ou un agriculteur. La qualité de scientifique ne donne aucun privilège en matière de religion, comme la qualité de théologien ne donne aucun privilège en matière de science.
Mais la science du XXIe siècle n’a plus l’arrogance de la science du XIXe : elle a découvert ses limites, le déterminisme universel de Laplace a été mis à mal par la physique quantique. Tout scientifique sait qu’il ne fait que construire des modèles provisoires, et qu’il n’a pas accès au réel dans sa totalité.
Un dialogue prudent peut-il s’engager entre science et théologie ?
Louis Pernot avait écrit un cahier intitulé « Science et foi » dans notre numéro 203 (novembre 2006). Aujourd’hui, c’est André Gounelle qui propose une réflexion sur un sujet très proche : il décrit différentes façons d’envisager les rapports entre la science et le christianisme. Pour dépasser l’étape de la « séparation », qui correspond schématiquement aux idées que nous venons d’exposer, il propose une voie de conciliation : la « compatibilité des possibles ».
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