Nous n’atteindrons pas la justice s’il n’y a pas un renversement complet des conditions de vie de la société et de l’esprit qui l’anime. Cet esprit a été jusqu’à ce jour dans toutes les nations, dans toutes les classes, et, hélas, il faut bien ajouter, dans presque toutes les familles : « Chacun pour soi. » C’est le démon qui a dû inventer cette formule car elle traîne avec elle tous les reptiles de l’injustice. Nous devons combattre, dans une lutte incessante, cet état d’esprit en nousmême et ne jamais permettre que, directement par nos actes ou indirectement par indifférence ou lâcheté, il ne reprenne possession de nous. Alors la grande vision d’un monde nouveau ouvrira ses portes, il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre. […]
Quelque faible que soit notre foi en lui, Dieu a toujours foi en nous. Il ne nous a pas fait miraculeusement sortir de l’abîme pour que nous restions ce que nous sommes, pour que nous rentrions dans la même coquille ; […] pour que nous retrouvions nos vieilles habitudes, nos vieux égoïsmes, nos vieilles luttes fratricides et nos petites recettes bien-pensantes ; la libération c’est autre chose que du pain blanc et du beurre. Dieu nous a libérés pour que nous allions plus loin et plus haut.
- Extrait d’une prédication du pasteur Paul Vergara, le 24 septembre 1944 à l’Oratoire du Louvre à Paris (au lendemain de la « Libération »). Rappelons que le pasteur Vergara, qui avait sauvé des juifs, plus particulièrement des enfants, pendant la guerre, avait dû fuir la Gestapo et se cacher pendant 14 mois. Cette prédication est la première donnée à sa sortie de la clandestinité.
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