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Sur le Psaume VIII

 

Que ton nom est magnifique sur toute la terre ! Oui, quand je regarde ton ciel, la lune et les étoiles, les fleurs et le miel, tous les oiseaux migrateurs, le loup du Mercantour et le chevreuil de Brocéliande, la femme et l’enfant, toutes ces merveilles du monde, se multipliant sous la voûte infinie du cosmos, alors exulte la joie dans mon cœur, monte le chant, le psaume de la gratitude : quel Grand Artiste de l’Univers tu es, bien mieux qu’horloger ou architecte ; quel créateur ! Tu es le Créateur ! Deus Constructor !

Et moi, l’homme, ne suis-je pas ta créature ? Ne m’as-tu pas « fait de peu inférieur à un dieu » ? Mais qu’en disent la forêt incendiée, l’oiseau mazouté, le chevreuil braconné et le loup empoisonné ? Et celles et ceux de ma lignée qui sont montés vers ton ciel, mais dans la fumée crachée par un four crématoire ? Et tous les petits Aylan Kurdi de notre monde, aujourd’hui ? Alors, ce chouchou de toute ta création, l’Homo exterminator, n’en est-il pas le destructeur ? Et n’a-t-il pas anéanti Dieu lui-même ? Car revient sans cesse la question ultime, mise à jour par notre actualité d’Apocalypse : « Que reste-t-il de l’idée de Dieu après Auschwitz ? »

Eh bien, voici la réponse : sous tous les cieux, des millions d’hommes et de femmes tissent, comme jamais depuis l’émergence d’Homo sapiens, les liens fraternels d’une humanité cosmopolite ! Alors Dieu est bien le créateur d’une créature « couronnée de magnificence », créatrice elle-même, puisque « créer, c’est résister ; résister, c’est créer ». Une créature qui, enfin, ne poursuit plus le vent mauvais du règne, de la puissance et de la gloire.

Bonne nouvelle ! Oui, cher Dieu créateur qui enfanta les cieux et la terre, et qui sépara la lumière des ténèbres, et qui vit que c’était beau-bien-bon : depuis le septième jour, je continue ta création lorsque je résiste aux destructeurs, participe à la réparation du monde, crée du beau, du bon et du bien commun, aime sans compter la lune et les étoiles, les fleurs et le miel, tous les oiseaux, la femme et l’enfant, d’où qu’ils viennent, et fais des rêves de paix sous la voûte infinie du cosmos.

 

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À propos Antoine Peillon

est grand reporter au quotidien La Croix, auteur, entre autres, de Ces 600 milliards qui manquent à la France (Seuil, 2012), de Corruption (Seuil, 2014) et de Résistance ! (Seuil, 2016). Prédicateur laïc et membre du conseil presbytéral de l’église protestante unie Port-Royal / Quartier latin (Paris).

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