Messe basse

 

Si, contrairement à messe, petite messe, missa brevis, messe solennelle, « messe basse » n’appartient pas au répertoire musical, c’est tout simplement parce qu’elle n’est pas chantée. Elle est célébrée par un prêtre, aidé éventuellement par un servant, qui lit l’intégralité des textes et prières de l’Ordinaire (lequel fixe les parties invariantes de la liturgie) d’où sa dénomination latine missa lecta. En principe, l’assistance ne dialogue pas avec l’officiant, qu’elle a d’ailleurs du mal à suivre, surtout s’il marmonne en latin en tournant le dos à la nef ; raison pour laquelle la clochette d’autel est là pour indiquer quand il faut s’agenouiller ou se prosterner. C’est cette non-participation effective à la célébration qui fut jugée contestable par beaucoup, notamment par les non-catholiques. Notons enfin que l’encensement et donc le thuriféraire n’y sont pas requis.

La messe basse, vraisemblablement très ancienne, fut codifiée par le concile de Trente et demeura inchangée jusqu’à Vatican II. Elle est moins pratiquée depuis, sauf pour les messes sino populo et très récemment pour des raisons prophylactiques, mais surtout le célébrant doit faire face à l’assemblée, le latin y est quasiment banni et, comme pour les autres messes, il n’est pas systématique qu’on y tintinnabule. Dans cet innocent bavardage, il est difficile de ne pas évoquer le sens commun dérivé de « messes basses » et surtout celles de dom Balaguère, dont la troisième et dernière menée à un train d’enfer et accompagnée par la clochette diabolique du faux Garrigou, fit tant et si bien que l’assistance décontenancée, « tendue de tout son être, courut vers le but » : Ite missa est, traduit par beaucoup avec un contresens impie en « À table » ! Il n’est pas exclu que ce célèbre récit d’Alphonse Daudet ait entraîné une confusion entre messe basse et messe brève.

 

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À propos Jean Trouchaud

est ingénieur retraité et se consacre désormais à l’écriture, à la réalisation de documentaires et à l’organisation de festivals littéraires et musicaux. Il poursuit des recherches personnelles sur le thème «Foi et Raison / Science et religion» et est conférencier invité de la Huguenot Society de Grande-Bretagne et d’Irlande.

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