De quoi je me sens sauvé ? Je suis sauvé du découragement, je suis renouvelé dans ma confiance en la puissance de la foi. Individuellement et socialement. Je donnerai deux exemples.
À la Croix-Bleue, j’ai vu des résurrections individuelles. J’y ai vu la puissance de la foi et de l’amour dans la résurrection de tant d’alcooliques sauvés par leur adhésion et le soutien fraternel : « Je promets, avec l’aide de Dieu… » Et certains disaient : « Pour moi qui ne crois pas en Dieu, l’aide de Dieu c’est les autres. » De tout ce que j’ai vécu, je crois que ce qui contenait la plus forte charge théologique, c’est la Croix-Bleue. C’est aussi un domaine où les mots de la Bible « se convertir », les « démons », la « vie nouvelle », « ressusciter », prennent une actualité rare. C’est un domaine où les miracles se voient…
À travers l’histoire de la mission en Nouvelle Calédonie j’ai vu la résurrection d’un peuple. Mon grand-père Maurice Leenhardt est parti comme missionnaire en Nouvelle Calédonie, appelé au secours par les Canaques, qui étaient en butte à toutes les exactions causées par la colonisation française. L’alcoolisme et les maladies apportés par les blancs, le mépris dans lequel ils étaient tenus, spoliés petit à petit par les colons de leurs meilleures terres : tout cela en faisait un peuple moribond. Le maire de Nouméa avait accueilli mon grand-père en disant : « Que venez-vous faire, monsieur le pasteur ? Dans 10 ans il n’y aura plus un seul Canaque… » Son père lui avait écrit quand il est parti : « écoute d’abord ». Il a si bien écouté pendant 25 ans qu’il est devenu l’ethnologue spécialiste de la Nouvelle Calédonie. Son oeuvre a eu des conséquences sociales immenses, sauvant du découragement et de l’extinction tout un peuple. J’ai grandi porté par cette épopée, J’ai compris et exprimé beaucoup plus tard que s’il y avait bien pour tout un chacun quatre évangiles, j’avais la chance d’en avoir un cinquième : cette histoire de la Nouvelle Calédonie.
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