Plus on va vers le libéralisme, plus on tend à faire sauter les difficultés textuelles par la critique biblique ou les sciences du judaïsme. Mais c’est retirer des sujets de discussions dans l’étude du texte. Et si ma lecture ne sera pas celle des orthodoxes, nous partageons un même rapport au texte, là où certains libéraux vont lui donner un statut si différent qu’il n’y a plus de terrain commun. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord pour autant avec les orthodoxes. Au contraire, il y aura toujours un combat interprétatif, où tout peut être débattu, mais le texte fournit l’arène où nous pouvons nous retrouver, avec un lieu et des règles communes.
En ce sens, l’étude est plus importante même que les commandements ; ils sont là pour modeler l’homme, et leur étude est donc le premier des devoirs. La joute interprétative, avec un tel enjeu, est donc violente : mais elle peut être un exutoire à la violence réelle. C’est une violence qui s’exprime dans la maison d’étude et non pas dans la rue. Une hypothèse – peut être un peu utopique- pour expliquer les rapports tendus entre certaines religions et la laïcité, c’est le manque d’un cadre commun entre les deux parties, qui servirait de lieu à cette violence contrôlée et en éviterait les débordements extérieurs.
Ce texte est issu d’un entretien accordé à Adrien Duclos
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