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La Cène et autres zoomeries

Autant l’avouer tout net : je ne suis pas fan du tout. Et avec le Conseil de la paroisse, nous avons décidé de ne pas célébrer ainsi la Cène, alors même que nous sommes entrés, dès le début du confinement, avec conviction, dans les « cultes zoom ».

Pourquoi ? J’y vois au moins trois raisons.

La première est d’ordre ecclésiologique. La Cène, avec la prédication de l’Évangile et le baptême, sont les marques de l’Église, ce qui nous constitue ensemble en un même corps. Et pour cela, n’en déplaise à certains, il faut la reconnaissance de règles communes, qui, parce qu’elles sont acceptées par tous, nous permettent de vivre en frères et sœurs ensemble. Or, à ce jour, notre constitution pas plus que nos liturgies ne prévoient une telle manière de célébrer le Repas du Seigneur. En l’absence de décisions communes (pour nous, synodales), il nous a semblé préférable de nous abstenir.

La seconde raison est d’ordre plus anthropologique. L’humain est un animal de paroles, de symboles mais aussi de chair et de sang. Pour nous autres, chrétiens, la notion d’incarnation est cruciale : elle dit bien que notre foi a quelque chose à voir avec la chair, avec notre corporéité. Et pas seulement dans une relation verticale, mon Dieu et moi, mais bien aussi (et surtout ?) dans une relation horizontale, c’est à dire dans cet « entre-nous » qui nous rend humains. Cet « entre-nous » est réel, concret, fait de toucher, d’odeur, bref aussi de nos corps. Une eucharistie, sans pouvoir la vivre dans cette incarnation de la communauté charnelle, c’est s’amputer selon moi d’une dimension essentielle de la Cène.

Enfin, une troisième raison s’est imposée, plus psychologique peut-être : Pourquoi faut-il toujours vouloir combler le manque ? Cela n’était pas possible ; la situation était ainsi et la technique ne peut pas tout remplacer : eh bien, dans la foi, assumons cela. Et ne faisons pas comme si tout était normal. Non, ce confinement était très anormal, douloureux, scandaleux même parfois, je pense à ces accompagnements pour des services funèbres rendus impossibles par exemple.

Il nous restait et nous reste la Parole, encore et toujours, de ces mots qui font vivre, tenir et avancer, dans la confiance et l’espérance. Et cela me suffit.

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À propos Jean-François Breyne

est pasteur à la paroisse luthérienne de Saint-Jean, à Paris, et membre du conseil national de l’EPUdF.

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