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Le toupet théologique, ADN partagé des libéraux de toutes les religions monothéistes

Lors d’un culte au Foyer de l’Âme, le rabbin Pauline Bebe a abordé une notion judaïque du plus grand intérêt pour tous les libéraux : la houtspa, autrement dit « le toupet » ou « le culot ». Pauline Bebe est particulièrement bien placée pour en parler, elle qui fut le premier rabbin femme en France il y a maintenant trente ans. À ce titre, elle a dû faire face à toutes les oppositions, y compris chez les juifs libéraux. Beaucoup de gens lui ont dit alors « tu n’y arriveras pas », mais Pauline Bebe, faisant preuve d’une certaine houtspa, a préféré entendre ce que lui avait dit son père avec fierté quand elle avait débuté ses études théologiques : « tu vas soulever des montagnes ». Pour tracer sa route et défendre sa conception du judaïsme, Pauline Bebe a ainsi développé une capacité à garder le cap qui lui a donné la force de s’affirmer face aux vents contraires. Dans le judaïsme, la houtspa est ce toupet effronté, cette audace infinie, ce culot insensé qui fait de l’homme un être plus humain à travers son questionnement permanent du monde et même de Dieu. La question est toujours la bienvenue car elle ouvre la voie à la désobéissance qui, seule, permet la liberté et la responsabilité. À partir de là, la houtspa, c’est ce qui permet de trouver son chemin en faisant fi des arguments d’autorité, afin de faire advenir une vie plus juste et plus digne. Or, n’est-ce pas là ce qui constitue l’ADN partagé par tous les libéralismes théologiques, leur essence commune qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans ? Fondamentalement, avoir l’impudence d’interroger la tradition, de relativiser les règles établies, de dépasser les limites fixées, de contextualiser les textes sacrés, n’est-ce pas une forme d’effronterie insensée et d’audace sans limite ? N’est-ce pas la base d’une désobéissance salutaire qui ouvre la voie à une véritable compréhension des textes afin qu’ils éclairent notre perception du monde et nous permettent d’accéder à une vie plus libre sur laquelle nous avons vraiment prise ? N’est-ce pas aussi la seule façon d’ouvrir de nouveaux possibles, d’emprunter des chemins jamais suivis, de sortir d’un avenir trop balisé ? Et ce, quelles que soient les résistances au changement et les accusations de trahison. Car comme l’a dit récemment Dominique Hernandez, pasteur du Foyer de l’Âme : « Les Écritures ne constituent pas une clôture mais un terreau grâce auquel pourra pousser du nouveau quand des étrangers, des personnes étranges, pousseront des appels ou des portes. Les Écritures ne sont pas un verrouillage mais un espace pour prendre un élan quand de l’inédit survient et qu’il s’agit de rester présent au monde qui vient. »

À lire les articles de Pauline Bèbe  » Le toupet face à Dieu «  et de James Woody  » L’anticonformisme est un conformisme « 

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À propos Jean-Pierre Capmeil

est docteur en géopolitique, il a été impliqué dans la catéchèse à l’Oratoire du Louvre et aide à présent pour la communication du Foyer de l’Âme.

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