Le docteur Schweitzer, bien connu pour son hôpital à Lambaréné (Gabon), son œuvre philosophique et théologique, a aussi été prix Nobel de la paix. Une des grandes idées qu’il a défendues a été le « respect de la vie ». Pour la première fois, une compilation de textes explicitant sa pensée sur ce point a été réalisée dans ce petit ouvrage dirigé par Jean-Paul Sorg qui introduit le livre et chaque texte (souvent des prédications et des lettres).
Dans une société préoccupée d’écologie et souvent tentée par différentes formes de véganisme, la contribution de Schweitzer est essentielle. On aurait pu craindre une sorte d’idolâtrie de la vie animale, mais pas du tout. D’abord le docteur n’est pas un citadin voyant chaque bête comme un animal de compagnie, il connaît en Afrique la nécessité de tuer certains animaux parce que dangereux ou nuisibles, ou simplement pour se nourrir. Il n’est donc pas un antispéciste radical, mais son maître mot est « responsabilité ». Il faut que l’homme d’abord se sente responsable de la vie naturelle qui l’entoure et agisse avec raison et intelligence, ensuite il souhaite que nous ne perdions pas notre sensibilité et notre compassion à l’égard des autres formes de vies. L’homme doit assumer les choix qu’il fait (il tuait lui-même les chatons en surnombre à Lambaréné pour être sûr que ce soit sans souffrances), et être capable de se sentir en communion avec tout élément de la nature dont il fait partie, même le plus petit (il pouvait prendre un ver mourant sur une route pour le reposer dans l’herbe). La dignité de l’homme à la fois maître et serviteur se joue là.
Albert Schweitzer, Respect et responsabilité pour la vie, Paris, Arthaud, collection « Les fondamentaux de l’écologie » *, 2019, 256 pages.
* Dans la même collection, on trouve les noms de Théodore Monod (Dictionnaire humaniste et pacifiste) et d’Élisée Reclus, par exemple.
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