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Accueillir le mal intérieur

« Il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter » (2 Cor 12,7).

En ce qui concerne les maladies physiques, les causes qui sont à l’origine des dysfonctionnements de notre corps sont de deux sortes. Certaines proviennent de l’extérieur du corps. D’autres sont d’origine interne. Il en est de même dans le domaine des souffrances psychiques. Le mal-être intérieur d’une personne a pour origine soit le milieu dans lequel elle vit, soit elle-même.

Nous apparaissons dans l’existence sous la forme d’une cellule microscopique et nous dépendons du monde extérieur pour notre croissance et notre développement. Mais les effets du monde qui nous entoure ne sont pas identiques pour le corps et pour l’esprit. Dans le domaine du corps, ce qui provient de l’extérieur est intégré dans une structure préexistante : les chromosomes du noyau et les gènes. En revanche, dans le domaine de l’esprit, du fait que nous possédons très peu de caractères innés, ces apports extérieurs contribuent à former, dès le sein maternel, la quasi-totalité de notre identité spirituelle. Il en résulte une très grande diversité des personnalités car elles se construisent sous l’effet d’apports extérieurs multiples qui, de plus, ne sont pas toujours compatibles entre eux.

Il existe, également, une différence dans la connaissance de ces deux types de mal-être. La maladie physique est observable par des moyens objectifs d’investigation, alors que le mal-être psychique ne se perçoit pas directement. Il ne se découvre qu’à travers ce que ressent et ce qu’exprime la personne elle-même. C’est pourquoi l’accueil de ceux qui vivent ce mal-être intérieur doit commencer par un discernement de ce qui les perturbe et de la manière dont ces souffrances sont ressenties.

Il s’agit donc en premier lieu non seulement d’écouter, mais surtout de permettre à la personne accueillie de parler en toute confiance. Bien souvent elle ne pourra partager ce qui est au plus profond d’elle-même qu’après un long temps d’échange sur des sujets qui peuvent paraître superficiels, mais qui ouvrent la voie aux vraies confidences. Il convient d’attendre le moment où la personne souffrante pourra exprimer ce qui est le plus important chez elle, le moment où elle se confiera en commençant par une phrase de ce genre : « Il faut que je vous dise quelque chose que je ne vous ai pas encore dit… » C’est alors que les causes les plus profondes du mal-être de la personne apparaissent et que celui qui écoute va pouvoir l’aider à mieux discerner ce qui la fait souffrir.

 Les entités invisibles

Parmi ce qui est ressenti par ces personnes comme causes de leur mal-être, il existe non seulement des faits et des individus actuellement vivants, mais aussi des entités invisibles, des esprits bons ou mauvais. C’est là l’aspect le plus controversé chez ceux qui accueillent les personnes en mal-être spirituel. Quelle existence convient-il d’accorder à ces entités invisibles ? Ne sont-elles qu’une pure invention de la personne souffrant psychiquement ? Convient-il de leur accorder une existence propre ?

Premier constat : bien que ces entités invisibles existent dans l’esprit de la personne, elles ne constituent pas des composantes innées car il n’y a pas dans notre cellule originelle une connaissance préétablie du monde invisible.

La connaissance de ces entités invisibles se forme dans la pensée de chacun par l’éducation qu’il reçoit. Leur existence, en effet, fait partie de l’inconscient collectif de l’humanité. Mais cet inconscient collectif n’est pas perçu comme tel par ceux qui se réfèrent à ces entités invisibles. Lors de la période de formation de l’être humain, la conviction des éducateurs en ce qui concerne l’existence de ces entités invisibles produit cette même conviction chez celui qui est enseigné. Or les convictions de ces formateurs sont très diverses et comportent des figurations sensibles tout aussi diverses nées de l’inconscient ancestral.

La certitude d’une personne concernant l’existence d’entités invisibles, tout en étant une vérité subjective, est considérée par elle comme une vérité objective car elle lui a été présentée de façon objective.

Ceux qui sont en quête de preuves concernant l’existence d’entités invisibles prennent comme argument des phénomènes divers censés être provoqués par ces entités. Ce sont, en premier lieu, des perceptions visuelles ou auditives considérées comme réelles mais qui sont aussi de l’ordre d’hallucinations ou de transmissions de pensée. D’autres phénomènes sont d’ordre matériel : portes et tiroirs retrouvés ouverts après avoir été soigneusement fermés, lampes qui s’allument toutes seules en pleine nuit, objets sortis d’un placard fermé, bruits divers, table qui tape du pied, ou écriture automatique. De tels phénomènes peuvent être provoqués, de façon plus ou moins consciente, par des personnes vivantes (comme les cas de télékinésie qui ont fait l’objet de nombreuses observations, mais dont nous ignorons les causes exactes). Ils ne constituent pas de preuve objective concernant l’existence d’entités invisibles et il convient de ne pas trop s’illusionner sur leur origine.

 Jésus, référence pour une évaluation du mal-être

Pour parvenir à une certaine objectivité sur ce sujet, il semble qu’il n’y ait pas d’autre voie que de se référer à la vie et à l’enseignement de Jésus-Christ. Le Royaume des Cieux qu’il est venu instaurer et qui constitue l’essentiel de l’Évangile est une réalité radicalement nouvelle : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici toutes choses sont devenues nouvelles. » (2 Corinthiens 5,17) La réalité instaurée par Jésus-Christ est en profonde opposition avec la réalité ancienne, celle justement de ces entités invisibles qui remplissent l’univers des religions.

De plus, du fait des limites de notre raison, il nous faut admettre que nous n’avons pas la connaissance de ces choses anciennes, alors que ce que nous savons de Jésus-Christ, à la fois vrai Dieu et vrai homme, nous conduit à penser qu’il possède, lui, la connaissance de ces choses anciennes, les entités invisibles, et ce que sont ces choses nouvelles, la vie éternelle avec lui. C’est donc par le Seigneur, et seulement par lui, qu’il nous est possible de découvrir ce que sont ces entités invisibles : « Je suis venu comme une lumière dans le monde, afin que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. » (Jean 12,46)

De même qu’un médecin analyse l’intensité d’une maladie physique en la comparant au fonctionnement normal du corps humain, le mal-être spirituel ou mental d’une personne est perçu de façon plus intense lorsqu’il est comparé à la plénitude de la vie en Christ. Il convient également de prendre acte que cette transformation de notre être spirituel nous concerne tous : « Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire à tous miséricorde. » (Romains 11,32)

De ce point de vue, le mal spirituel prend un tout autre visage, il devient la privation de la plénitude de vie en Christ. Le mal-être spirituel que subit une personne n’a pas pour origine une entité ayant cornes et sabots, mais un état mental qui, comme un virus ou un microbe, se répand de personne à personne, état mental dont seul le Seigneur est capable de nous libérer. C’est là, pour moi, le service essentiel que peut assurer, dans ce domaine, un ministre de l’Évangile.

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À propos Pierre Lambert

globe trotter de la religion, a partagé la vie des juifs au cours de 48 autres pèlerinages en Terre Sainte, la vie des musulmans comme professeur d’Université avec des diplômes marocains, au Maroc, la vie d’un monastère hindou-chrétien en pleine jungle dans l’État de Bangalore.

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