Accueil / Journal / Tu combattras ton prochain comme toi-même

Tu combattras ton prochain comme toi-même

 

Si le Christ nous invite à aimer notre prochain, cela ne me semble en aucune façon incompatible avec la nécessité qu’il peut y avoir à combattre ce même prochain. Alors que les formes les plus réactionnaires de religions ne s’économisent pas en anathèmes et en rejets, le christianisme de progrès – se fondant sur cette invitation – refuse parfois toute condamnation d’autrui. On opposera naturellement aux partisans du combat qu’il ne faut jamais tomber dans les mêmes travers que ceux qu’on veut combattre. S’agit-il de cela ? Absolument pas. On peut combattre quelqu’un et ses idées avec décence et dignité, sans recourir ni à l’injure ni à la haine, et le premier combat à mener est – évidemment – toujours contre nous-mêmes, nos intolérances et nos rigidités.

Refuser de combattre car il faudrait faire primer avant toute chose le dialogue et la compréhension est dangereux. Il y a des idées nauséabondes qui empoisonnent tant et tant de vies qu’il ne faut pas abandonner un seul pouce de terrain face à elles. Certaines idées ne sont pas des opinions mais des délits. Elles ne se discutent pas : elles se combattent. Et ce n’est d’ailleurs pas acte d’amour que de laisser croire à quelqu’un qui s’abîme dans les pires convictions que celles-ci pourraient être légitimes. Le risque de tout relativiser et de vouloir tout aplanir pour tout réunir est le plus grand des périls. La fraternité réelle ne saurait exister sans combat : elle n’est ni miracle ni juste-milieu. L’identité molle qui recherche le compromis avec tout le monde – et donc n’importe qui – finira toujours par laisser triompher les identités les plus intolérantes et les plus nocives. Quel paradoxe quand notre amour du prochain nous empêche de dire – haut et clair – que ce prochain blesse et détruit, et que – par ricochets – on échoue à en défendre les victimes. Ceux qui souffrent de la haine et de l’intolérance ne demandent ni commisération ni pitié mais la solidarité dans le combat qu’ils ne peuvent pas – quant à eux – refuser.

 

Don

Pour faire un don, suivez ce lien

À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Évangile et Liberté

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continuer la lecture