Passé le virage, la lumière apparaît rosée, douce, attirante ; la photo de couverture révèle mieux le propos que le titre. Il ne s’agit pas d’un ouvrage supplémentaire sur la sécularisation ou le recul du christianisme. Dès l’avertissement, l’auteur précise : « Il s’agit d’explorer le champ qui se cache derrière le mot Dieu. » Serge Soulié témoigne de sa recherche qu’il nomme exploration. Il fut pasteur de l’Église protestante unie de France, également professeur de l’Éducation nationale, psychologue et directeur d’un centre spécialisé en addictologie.
Protestantisme sans religion est la première partie de l’ouvrage. Elle devrait logiquement être la seconde, intitulée Dieu sans Dieu. L’auteur justifie cette distribution pour rappeler nos racines partagées dans la diversité du protestantisme.
Protestantisme sans religion propose six sous-titres. La trinité autrement ou encore 95 thèses pour construire la société de demain qui invitent le lecteur à interroger dogmes et engagements. Cette réflexion est éclairée par la lecture de la Bible, des ouvrages de référence et par son expérience du monde. L’homme doit « inventer et redéfinir – à partir de la dimension entièrement humaine portée par Jésus » des réponses pour les situations et interrogations contemporaines.
La seconde partie Dieu sans Dieu entraîne le lecteur dans une réflexion libérale en trois passionnants chapitres. Serge Soulié se confie, malade épuisé par une chimiothérapie. Il dit ne pas avoir à se battre mais à faire confiance à cette force qui est Dieu. « Cette force n’est ni à craindre, ni à supplier. Elle est disponible pour que je vive au mieux les jours qui me sont donnés à vivre. » « La grâce divine n’obéit pas à un marchandage, elle est pour tous. »
Il insiste : « Ne cherchons pas seulement à purifier Dieu à tous prix, cherchons à rassurer l’homme en lui signalant l’amour de Dieu sans conditions ». Dans un chapitre intitulé Prier pourquoi faire ?, l’auteur s’adresse directement à ses lecteurs : « Je comprends qu’une telle approche puisse surprendre, elle remet en cause l’idée selon laquelle Dieu serait un être plein de compassion qui se laisserait attendrir ou inversement qui s’irriterait des paroles et des actes des hommes et réagirait selon son bon vouloir. Cette approche fait de Dieu, qui n’est ni masculin ni féminin, une matrice active ouverte à l’intérieur de laquelle l’homme peut puiser tout ce dont il a besoin pour vivre dans la limite du temps impartie à chacun selon son livre de vie. »
Cette théologie libérale surprendra en effet au fil des pages : Ne pas croire pour croire, Prier pourquoi faire ? Elle revisite aussi « la bonne nouvelle de Pâques » : à revisiter votre Dieu, vous risquerez seulement de « conquérir une liberté et une responsabilité » auxquelles le protestantisme aspire. Serge Soulié révèle par son propre cheminement comment « lutter contre ce qui empêche l’humanité d’advenir dans sa plénitude »
Serge Soulié, La fin d’une religion ?, Linières-Bouton, La Barre Franche, 2017, 152 pages.
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