Sur les réseaux sociaux, l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) suscite des affrontements entre militants anti-IVG agressifs qui évoquent le « génocide » des bébés et féministes outranciers qui parlent de l’IVG comme d’« un truc banal et dont on peut plaisanter ». Une bande dessinée affirme qu’il ne faut pas « faire un fromage » des 200 000 IVG pratiquées en France chaque année. L’IVG n’est ni un génocide, ni une plaisanterie. Les femmes qui veulent avorter avortent, et lorsque cela est illégal, dans des conditions telles qu’elles y risquent leur vie. L’IVG doit donc être légale, les premières semaines de grossesse, afin d’éviter que des femmes meurent. Mais ce n’est pas pour autant un « truc banal ». J’ai lu sur Twitter cette phrase d’une femme s’apprêtant à avorter : « J’ai zéro culpabilité à l’idée d’avorter. Beaucoup plus à l’idée de manquer le taf. MDR. [NDLR : Mort De Rire] » Être absent au travail serait donc plus grave qu’interrompre une grossesse ? Certainement pas. Que les femmes qui avortent ne portent pas une culpabilité qui les entrave pour la suite de leur vie, c’est souhaitable pour elles, mais que cet acte soit fait sans gravité ne l’est pas. Une vie en devenir qui aurait pu être ne sera pas. Il n’y a là rien de drôle qui pourrait faire l’objet d’une plaisanterie. Si une femme veut avorter, elle doit pouvoir le faire sans risquer une septicémie. Non pas parce que son corps lui appartiendrait, car quand une femme est enceinte, non, elle n’est plus réellement seule dans son corps, mais parce qu’elle doit pouvoir évaluer si elle et son compagnon peuvent réellement accueillir l’enfant potentiel dans leur monde. L’embryon n’est pas pour autant un « alien », « un tas de cellules » ou une « saloperie », c’est le résultat d’une relation sexuelle, la plupart du temps librement consentie, et c’est un début de vie qui nous dépasse.
Un acte n’a pas à être dénué de sens et de poids pour être posé et assumé. Dans une époque où le divertissement règne, il est malvenu de le rappeler, mais la vie humaine comporte des aspects tragiques. Ne nous aveuglons pas, osons nous tenir debout face à cette réalité, même si elle est effrayante. Nous sommes des adultes, libres et responsables.
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Chère Madame,
Je n’ai jamais rencontré de femme qui ait avorté sans se poser mille questions et en le vivant mal, à part une qui avait des troubles psychologiques graves et un réel problème d’estime d’elle-même. Avez-vous vraiment vu autant de commentaires que ça exprimant un manque total de culpabilité ? Est-ce vraiment aussi fréquent que ça ? Il est vrai que je ne passe pas mon temps sur les réseaux sociaux et twitter et je ne suis pas sociologue.
Permettez-moi de vous poser la question car votre billet m’a un peu surpris. Je pense (j’ai 53 ans) que l’avortement n’est pas un acte anodin et qu’il est de plus en plus difficile de le pratiquer ou de l’obtenir simplement comme c’est le cas hélas dans de nombreux pays, notamment l’Italie (où le gynécologue peut exercer une clause de conscience et donc ne pas pratiquer d’avortement).
En tous les cas nous sommes toutes les deux d’accord quand vous dites qu’il est absolument nécessaire qu’une femme puisse avorter sans mettre sa vie en danger.
Quant à son corps, du moment qu’elle porte une vie il ne lui appartiendrai plus ? A partir de quel moment « ne serait-elle plus seule dans son corps » comme vous dite si joliment ? Combien de semaines ? Du moment qu’un homme est père, du fait qu’il ne porte pas son enfant son corps lui appartiendrait ? C’est un discours qui n’est pas si simple et je ne me juge pas suffisamment outillée pour en débattre.
Bien cordialement,
E. Lionnet
Chère Madame,
Il est vraiment difficile voire impossible pour une femme d’avorter à bon gré. Je pense que l’avortement ne doit pas être fait lorsque L’embryon devient vivant où si accouché peut survivre. Dans ce cas ce serait un assassinat.
Mais si la vie de la maman est en danger l’avortement devrait être impératif.