C’est à ce titre de film que me fait songer le contexte de crainte diffuse et multiforme dans lequel nous vivons depuis 1995, année d’institution du plan Vigipirate qui nous a accoutumés à la présence de militaires en armes dans les rues. Et depuis se sont installés des plans dans différents domaines (chaleur, froid, pluie, neige, inondations, avalanches, etc…) pour lesquels le terme traditionnel « risque » a été remplacé par les mots guerriers alertes, danger, vigilance.
Ainsi s’est répandu dans la population un climat anxiogène qui conduit à se méfier systématiquement des autres, à éviter de croiser leur regard ou à les regarder par en-dessous. Les pauvres sont de plus en plus souvent tenus à l’écart de toute humanité par des dispositifs physiques les empêchant de s’allonger ou de s’abriter, et les immigrés sans papiers enfermés dans des centres de rétention comme s’ils avaient volé ou tué.
Et sur un tout autre plan, mais ô combien révélateur, le développement dans nos Églises protestantes des godets individuels pour la Sainte Cène traduit cette méfiance croissante à l’égard de l’Autre, y compris notre propre frère ou notre propre sœur dans la foi !
Comprenons-nous bien, il ne s’agit pas de prôner ici un quelconque irénisme où aucun danger n’existerait. Il nous faut aussi éviter une mauvaise interprétation du chapitre 25 (versets 31 à 46) de l’évangile selon Matthieu, où le pauvre et l’étranger seraient le Christ en personne.
Mais il est temps de desserrer cet étau de la peur pour retrouver tout simplement la raison, la confiance et le sens de la responsabilité dans les relations sociales, à travers la paix que Dieu donne à chacun d’entre nous et qu’il nous appartient de répandre à foison.
Il s’agit –conformément à ce qu’écrivait l’apôtre Paul (Rm 12,2)– de ne pas nous conformer à ce monde, mais d’être transformés par le renouvellement de notre esprit et d’aller en direction des pauvres et des étrangers comme de nos frères et de nos sœurs, ainsi que le recommandait déjà le Deutéronome et comme Jésus nous le demande inlassablement.
Il n’existe pas d’autre alternative pour apporter notre pierre à la Cité de Dieu.
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