Des certitudes trop fortes ou trop absolues sont dangereuses. Elles subordonnent tout au prisme déformant de nos convictions et faussent à la fois la perception et l’intelligence du réel. […]. La certitude rend fou, elle rend aussi meurtrier : l’exécution de Servet, vigoureusement dénoncée par Castellion, à côté de mille autres exemples, le montre tragiquement. Le doute assumé et bien conduit est un antidote aux furies déraisonnables et criminelles que risquent de déclencher des convictions absolues. […]
Il y a une spiritualité du doute ; il faut même aller plus loin et affirmer qu’il n’y a de véritable spiritualité que du doute. […] Comme le voit et le dit très bien Roger Dewandeler, ce qui compte dans le doute, ce n’est pas tant l’objet contesté que la démarche du douteur.
Le doute n’est pas une position arrêtée et figée, il n’est pas une doctrine abstraite : il est la dynamique qui anime le douteur. Cet ouvrage en tire les conséquences. Il ne spécule pas sur le doute, sur les diverses formes qu’il prend ou sur la logique qui le structure […]. Il l’étudie à partir d’exemples concrets qu’en donnent des figures littéraires ou historiques.
Le premier chapitre évoque trois moments culturels importants [l’Antiquité avec Pyrrhon ; la modernité avec Descartes ; les maîtres du soupçon des XIXe et XXe siècles tels que Feuerbach, Marx, Freud et Nietzsche]. […] Ces trois doutes ont été féconds et bénéfiques y compris pour la religion, en fournissant des armes efficaces contre les travers et déviations qui la menacent.
Le deuxième chapitre, original et stimulant, met en évidence la présence d’une spiritualité du doute dans la Bible. […]
Le troisième chapitre se situe dans la perspective du dialogue interreligieux et met en lien doute et tolérance [en ayant recours aux écrits de Raymond Lulle au XIIIe siècle et de Castellion au XVIe siècle]. […]
Le doute est à la fois créatif et éthique ; le pratiquer n’écarte pas de l’Évangile, mais, au contraire, aide à pénétrer dans son coeur ; il est condition d’une foi authentique. (extraits de la préface à l’ouvrage)
Roger Dewandeler, Spiritualité du doute, Paris, Lessius, 2017, 104 pages.
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