Amis des Tziganes

Rassemblement évangélique de Tziganes. Photo Éloïse Levêque/Objectif Gard. www.objectifgard.com

J’accompagnais depuis deux ou trois ans des groupes de personnes en « formation Français Langue Etrangère (FLE) » ; principalement venues d’Europe de l’est ou d’Afrique de l’ouest, je leur faisais visiter ce qui, pour eux, était « le bout du monde » c’est-à-dire les environs de ma banlieue d’Argenteuil, Paris et l’Île-de-France. Et puis moi aussi, en 2016, j’ai eu besoin d’aller au bout du monde, c’est à dire de me mettre en route, de marcher seule, avec parfois d’autres marcheurs : en ligne droite depuis Versailles jusqu’aux Monts du Cantal, j’ai fait 600 km à pied. C’est sans doute cette marche au « bout du monde », une expérience intime dont l’organisation et le vécu se rapprochaient du quotidien des gens du voyage qui a décidé mon engagement auprès des fondateurs de l’association protestante des Amis des Tziganes (APATZI) : trouver un hébergement et être reçue chaque soir chez l’habitant, être soutenue pendant mon voyage, ne pas errer d’une étape à l’autre.

Tout en préparant cette marche et dès le lancement de l’association en 2016, je me suis attelée au travail administratif. C’est l’essentiel, à côté de la réflexion et des actions menées pour défendre et promouvoir les droits des gens du voyage : parce qu’ils sont toujours menacés par les dernières contraintes législatives (cf. le débat récent des propositions de lois au Sénat le 31 octobre dernier) et parce que leur « citoyenneté » n’est pas pleinement reconnue.

Le pasteur Jean Arnold de Clermont, ancien président de la Fédération protestante de France est à l’origine de l’APATZI. Cet intérêt pour les gens du voyage de la part du protestantisme français s’explique par l’importance de la communauté protestante évangélique tzigane. On estime que plus de 100 000 personnes dites « Gens du voyage », sur une population de 500 000, font partie du mouvement pentecôtiste « Vie et Lumière». L’APATZI travaille ainsi logiquement avec l’Association sociale-nationale et internationale Tzigane (ASNIT), elle-même émanation de la Mission Evangélique Tzigane en France.

Défendre le mode de vie mobile, c’est défendre plusieurs droits : celui de vivre en caravane, celui de stationner sur un nombre suffisant d’aires d’accueil ou sur des terrains privés, d’avoir un ancrage hivernal sur des terrains familiaux, d’organiser les pérégrinations de l’été, de circuler et de stationner sur des terrains de grands passages pour des retrouvailles familiales ou des conventions évangéliques. Des droits essentiels qui s’accompagnent de l’accès à la vraie citoyenneté c’est-à- dire au droit de voter, d’obtenir un crédit bancaire, d’aller à l’école et d’avoir un enseignement adapté, de bénéficier de vrais dispositifs de santé et de pouvoir accéder à la propriété, à l’eau courante, à l’électricité…

Le travail de l’APATZI est donc considérable, il passe par un nécessaire engagement inter-associatif en lien avec d’autres mouvements nationaux, en intervenant notamment avec eux auprès des responsables de l’État et des territoires.

Déplacements forcés, expulsions sans offre de relogement, contraventions souvent accompagnées de violences, caravanes rejetées à la périphérie et même bannissement acté par l’administration témoignent trop souvent des dysfonctionnements entre la loi qui est encore imparfaite et son application. Il faut donc pour empêcher ces abus assurer une veille locale au niveau de l’application du droit. Cela passe aussi par une meilleure connaissance des gens du voyage, y compris par les protestants. Un culte télévisé depuis Pringy (77) sur France 2 il y a un an nous a permis de le faire et d’entendre à bas bruit, dans l’expression de la louange, les difficultés qui sont vécues au quotidien et l’attachement de la grande famille tzigane au nomadisme.

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