Parmi toutes les fêtes, Noël est probablement celle qui a le mieux réussi. Noël est fêtée par l’ensemble des chrétiens ainsi que par des non chrétiens qui trouvent là une occasion de se réjouir en famille, de célébrer la famille et la joie d’être ensemble. Que Noël soit devenue la fête des familles n’est pas sans poser problème à ceux qui sont isolés et qui n’ont aucune famille, pas même d’adoption, autour d’eux, ou à ceux qui en ont une, mais qui est toxique. Si nous ajoutons que ce sont les enfants qui sont mis au centre, cela n’est pas non plus sans poser problème à ceux qui n’ont pas d’enfants à qui offrir des cadeaux, de la tendresse, de l’émerveillement.
Dans la perspective chrétienne, Noël célèbre la naissance de Jésus qui sera reconnu comme Christ par ceux qui seront nommés, pour cette raison, « chrétiens ». Certes, Jésus naît dans une famille, mais ce n’est pas cela qui constitue le centre des évangiles de Noël. C’est la raison pour laquelle s’interroger sur le sens de Noël, c’est s’interroger sur le sens de cette naissance et, plus encore, sur l’identité de celui qui est le centre autour duquel s’organisent les récits. Découvrir le ou les sens de Noël consiste à chercher ce que signifie la venue au monde de Jésus et ce que signifie cette affirmation selon laquelle il est le Christ (ou le Messie si nous utilisons la racine hébraïque plutôt que la racine grecque). Faire cela, c’est travailler la christologie : le discours sur le Christ.
Dans l’étude que nous propose le théologien Jean- Marc Tétaz, il sera précisément question de passer en revue ce qui a été dit sur Jésus et sur ce qu’il est possible d’en dire aujourd’hui. Distinguer Jésus et Christ (qui n’est pas le nom de famille de Jésus), c’est constater que nous en savons plus sur ceux qui se sont considérés comme disciples au fil des siècles que sur Jésus lui-même. Les évangiles, eux-mêmes, ne parlent de Jésus qu’à travers le message que leurs auteurs voulaient faire passer à leurs contemporains. Cela ne veut pas dire que la quête du Jésus de l’histoire est vaine. Cela suppose se livrer à un travail minutieux pour distinguer ce qui relève de la tradition et ce qui est peut-être originel. Les recherches sur le judaïsme de l’époque de Jésus ont permis de nouvelles hypothèses sur l’homme Jésus. Toutefois, cela n’efface pas le travail qui consiste à observer l’impact de la vie de Jésus et son retentissement jusqu’à nous aujourd’hui en passant par ce qu’en ont dit les théologiens qui nous ont précédés. Nous ne pouvons pas faire l’économie de nous interroger personnellement sur ce que signifie « il nous est né un sauveur », sur le titre « Emmanuel », sur les manières dont les évangélistes ont compris Jésus à la lumière des textes qui fondaient alors leur foi. Nous pourrons donner un peu plus de sens et de profondeur à cette belle fête de Noël.
À lire l’article de Jean-Marc Tétaz » Jésus historique et christologie «
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