Rentrant à l’hôpital pour quelques heures en vue d’un examen de routine sous anesthésie, voici qu’au réveil, le docteur m’annonce une complication survenue pendant l’intervention.
Je reste en hospitalisation pour une durée indéterminée. Voilà donc que pour moi, le temps s’arrête. Je dois renoncer à tous mes engagements avec un agenda bien rempli. Que faire ? Tout annuler ? Jusqu’à quand ? Tout mon programme s’en trouve chamboulé. Le temps prend alors une autre dimension : j’ai l’esprit libre et dispose enfin de temps. Je peux discuter avec mon voisin de chambre que je ne connaissais pas. Je peux parler avec l’infirmière pressée qui pose ma perfusion, une autre disponible, celle de nuit qui est bien occupée. Je peux échanger avec le médecin. Celui-ci vient, revient, téléphone. Avec l’homme de service congolais qui refait mon lit, je parle de l’Afrique où j’ai vécu. Je découvre avec respect un nouveau voisin de 90 ans, qui a été un jeune résistant survivant de la dernière guerre.
Quelle joie de ne pas être dépendant d’une horloge ! Je me sens alors vivre ou revivre.
Dans cette situation, je me rends compte que je perds la notion du temps qu’il fait… beau ou pas, pluie (ça, on l’entend), soleil, nuages. Aujourd’hui, c’est le temps de l’hôpital; je l’accepte et le vis pleinement, libéré des contraintes qui m’envahissaient avant.
Mais cela va s’arrêter.
Il y aura un autre temps après, et fort de cette expérience imprévue, j’aurai à cœur de vivre mieux et de profiter du temps présent :
Le temps familial, disponible à mon épouse, mes enfants et mes petits enfants.
Le temps de partage amical au cours de repas, balades et autres occasions festives.
Le temps de l’engagement associatif. Le temps de l’engagement politique.
Le temps spirituel enrichi de réflexion, de bienveillance et de prière.
Le temps de la détente, en particulier dans le terroir montagnard où je me sens si bien.
Le temps personnel pour la lecture, la musique, un peu de méditation et la disponibilité à l’imprévu.
Est-ce, avec l’âge, la voie de la sagesse ?
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