Lorsque j’étais encore en activité professionnelle, je voyageais souvent dans tous les pays et j’étais parfois témoin de scènes étranges. Par exemple, dans un avion qui me conduisait au Moyen-Orient, nous étions trois en classe « affaires ». J’étais sur la rangée de gauche et les deux autres « hommes d’affaires » étaient sur la rangée de droite, l’un derrière l’autre, on ne sait pourquoi. Tout d’un coup, une dispute éclata entre les deux occupants de la rangée de droite. Ils ne parvinrent pas à trouver un terrain d’entente et furent obligés de demander l’arbitrage de l’hôtesse de l’air. Celle-ci accourut et écouta l’objet de la plainte : le grave problème venait de ce que l’homme de devant avait basculé son siège vers l’arrière et gênait celui qui se trouvait derrière lui. L’hôtesse, toujours aimable, prit note des arguments de l’un et de l’autre, réfléchit quelques instants, et proposa une solution intelligente : que l’un des deux personnages change de place puisque le compartiment était quasiment vide. Nos hommes se rallièrent à cette proposition de sagesse, à laquelle ils n’avaient sans doute pas pensé eux-mêmes. Et ils se calmèrent. Mais quelques minutes plus tard, la dispute reprit de plus belle. L’hôtesse étonnée revint. La nouvelle querelle venait de ce que chacun de nos deux compères prétendait que c’était à l’autre de se déplacer !
Je ne sais plus comment cette grave affaire s’est terminée. Mais j’eus à ce moment une triste idée de la valeur morale de ces deux dirigeants d’entreprise. Dans cet avion, ils manquaient visiblement de hauteur de vue ! J’espérais qu’ils ne dirigeaient rien du tout. Je suis évidemment tombé sur une coïncidence malheureuse. Au contraire, j’ai connu des patrons qui savaient très bien se déplacer pour que personne ne soit devant eux, ou du moins ne puisse les gêner. Mais peut-être voyageaient-ils plutôt en première classe ?
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