Résister

Pour toute une génération, celle du baby-boom, résister renvoie irrémédiablement à la Résistance, celle de la lutte contre l’occupant et contre le régime nazi, celle des héros et des martyrs, des heures sombres et de la gloire posthume. Le mot évoque le devoir accompli avec courage, au risque de la souffrance. Ce combat collectif contre le mal, pour la liberté, était aussi un engagement individuel. Par la suite, il entraîna une question que nombre d’adolescents se sont posée et se posent peut-être encore aujourd’hui : « et moi, qu’aurais- je fait, dans de telles circonstances ? »

Pour ceux qui ont grandi dans un milieu protestant, s’impose la figure de Marie Durand, emprisonnée à 15 ans et pour 38 années dans la Tour de Constance, qui grava sur la margelle du puits « résister », pour affirmer – et affermir – sa détermination à ne pas renier sa foi.

À coté de la résistance à l’oppression, qui exige une mobilisation de toutes ses forces, il en est une autre qui paraît plus légère : la résistance à la tentation… on peut même parfois se demander quel mal il y aurait à se faire plaisir. qui peut croire que succomber à la tentation signifie systématiquement céder au malin ? Mais les tentations se multiplient. Le risque est de se perdre dans la facilité. La question qui se pose alors est celle de la bonne mesure, des limites : « où faut-il s’arrêter ? »

Mais il est une troisième forme de résistance, moins évidente, et qui peut se révéler nocive : celle qui nous enferme sur notre pré carré, celle qui refuse le changement au nom des habitudes et du confort, celle qui empêche de s’abandonner à la vérité, à l’altérité.

Dietrich Bonhoeffer, dans les notes publiées après sa mort tragique en 1945, semble s’adresser à ces différentes résistances : « notre force intérieure sera-t-elle assez grande pour résister à ce qu’on nous impose ? notre franchise avec nous même sera-t-elle assez impitoyable pour que nous retrouvions de chemin de la simplicité et de la droiture ? »

Pour faire un don, suivez ce lien