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Le théorème des corps

 

Ce théorème pourrait se formuler ainsi : plus les corps s’approchent et se touchent, plus les regards s’éloignent. Je ne parle pas ici de l’amour, mais plutôt du métro, du bus, du train, et de l’ascenseur… Nous avons tous fait cette expérience : être compressé au point de devoir toucher nos voisins, voire s’appuyer carrément sur eux. Nul besoin de se tenir à une barre ou une poignée : nos voisins sont notre appui ! Une ex-candidate à la mairie de Paris avait, de manière lyrique et ridicule, évoqué « les belles rencontres que l’on fait sur la ligne 13 du métro parisien ». Pour information, la dite ligne 13 est la pire de Paris, où l’on a dû recruter des « pousseurs » pour faire entrer les sardines humaines dans la boîte, pardon dans le wagon. Mais, même sans aller jusque-là, avez-vous remarqué que plus nous sommes proches de quelqu’un, moins nous le regardons ? Ne surtout pas croiser le regard devient une vraie stratégie quand les corps se touchent. Nous connaissons tous par cœur l’étiquette de sécurité des ascenseurs :le poids limite, le numéro d’appel, la marque de l’ascenseur. Ou encore le plafond des bus ou des métros… Bref, des infos essentielles ! Et tout cela pour éviter de croiser le regard des autres, de l’autre. Même dans la Bible, dans le récit du buisson ardent, plus Moïse s’approche du buisson ardent où Dieu se tient, plus il doit se voiler la face. C’est sûr, ils devaient tous les deux être sur la ligne 13 à l’heure de pointe !

Inversement, lorsque nous voyons quelqu’un plus loin, voire au loin, qui attire notre attention, nous n’hésitons pas à le regarder, le scruter, l’analyser. L’homme est-il à ce point un loup pour l’homme qu’il ne puisse le regarder que de loin ? Sans doute, comme tous les mammifères, nous sommes marqués par ces regards qui expriment une soumission ou une domination. Notre éthique humaine nous fait fuir cette dichotomie. Mais il est vrai que parfois des agressions se font sur la base d’un « mauvais » regard…

Alors quand je me mets « sous le regard de Dieu », de quel regard est-ce que je parle ?

 

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À propos Jean-Marie de Bourqueney

est pasteur de l’Église protestante unie. Il est actuellement à Paris-Batignolles. Il est notamment intéressé par le dialogue interreligieux et par la théologie du Process.

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