Migrants

Alors que l’épopée de l’émigration et de l’esclavage d’Israël en Égypte est historiquement très incertaine, elle est magnifiée et exaltée dans tout le Pentateuque. Yahvé donne sa loi dans le Sinaï parce qu’il vient de libérer son peuple de la servitude.

 Mon père était un araméen errant, précise le Deutéronome. Les migrations qui étaient fréquentes dans le Moyen-Orient ancien entraînaient évidemment de grandes souffrances, dont Israël a été victime, comme d’autres peuples. C’est pourquoi apparaît comme un leitmotiv dans la littérature biblique cette obligation d’être accueillant avec l’étranger et de l’aimer comme soi-même (Lv 19,33).

Les migrations et déplacements de population sont de tous les temps. Et le christianisme serait mort asphyxié dans Jérusalem si les humains du premier siècle n’avaient pas pour habitude de se déplacer d’un pays à l’autre, d’une civilisation à l’autre. Aussi ces migrations jouent elles un rôle tout à fait essentiel en brassant les idées et en enrichissant les cultures. Mais elles commencent souvent par de grandes difficultés d’intégration et des douleurs.

L’essence du christianisme, si l’on écoute bien les discours de Jésus et ses gestes en faveur des pauvres gens, consiste bien en une conversion intérieure qui rend capable, à son exemple, de se tourner vers ceux qui ont besoin d’aide. Parmi ceux-là, il y a tous les migrants d’hier et d’aujourd’hui, expulsés de chez eux par les guerres, les dictatures, les famines ou les rigueurs du climat. Ces Araméens errants dont l’Israël ancien se sentait solidaire, parce que c’était lui-même, et parce que c’était aussi l’autre, l’étranger.

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