Il y a des livres que l’on referme sitôt ouverts et des livres que l’on ne peut pas lâcher avant d’avoir atteint la dernière page. Dans les coulisses de l’Évangile fait partie de ceux qui captivent de la première à la dernière ligne et dont la lecture nécessite un crayon gris pour souligner tout ce qui mérite d’être retenu et gardé en mémoire. Ce petit livre est donc un grand trésor qui use les mines et aiguise l’esprit. Ce n’est pas une introduction de plus à la lecture du Nouveau Testament. Plutôt une conversation entre un professeur dont l’érudition n’est pas moins vaste que le sens pédagogique et un écrivain averti, curieux, vif et précis dans ses questions et qu’aucun tabou ne retient. Le résultat est à leur image : brillant, agréable à suivre quelles que soient les compétences du lecteur. Les initiés ne manqueront pas d’y trouver de nouvelles pistes sur les dernières avancées de la recherche scientifique ; les moins familiers ne seront jamais égarés tant les développements sont clairs, le vocabulaire technique banni, le style enlevé.
Pour Matthieu Mégevand qui questionne, ce livre est l’aboutissement d’un rêve né d’une vieille frustration. « Lorsque, assistant à une messe ou au catéchisme, écrit-il, je soulevais un problème a priori de bon sens comme l’incapacité physique d’un homme de marcher sur l’eau, ou l’impossibilité de multiplier les pains, les hommes (ou les femmes) de foi me répondaient alors : “C’est le mystère !”, “La puissance de Dieu est infinie !”, “Croire en l’impossible, c’est cela la foi !” J’en ressortais systématiquement frustré et déçu par des réponses aussi légères et si peu convaincantes du point de vue de l’intelligence. »
Matthieu Mégevand a trouvé en Andreas Dettwiler le catéchète inspiré. Et quel catéchète ! Enseignant le Nouveau Testament à l’université de Genève, auteur de multiples ouvrages scientifiques qui en font l’un des spécialistes mondiaux les plus réputés, le savant à l’érudition éblouissante sans jamais être assommante se place humblement à la portée de tous. Ce qui les tient : une vraie liberté qui leur permet d’aborder les questions les plus variées et une rigueur scientifique qui les amène à reconnaître qu’on n’a pas réponse à tout. Un grand entretien donc, qui, s’il n’épuise pas le mystère de la formation du livre qui a fait basculer l’histoire du monde, loin de l’épaissir, l’éclaire comme il l’a rarement été.
À lire et à relire sans modération, l’abus d’intelligence n’ayant jamais nui à la santé spirituelle ni des croyants ni des incroyants.
Andreas Dettwiler, Matthieu Mégevand, Dans les coulisses de l’Évangile, Genève, Labor et Fides, Paris, Bayard, 2016, 217 pages.
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