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La prophétie s’accomplit aujourd’hui Luc 4,14-22

 

Lachaux Guy deCette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ! Cette petite phrase de Jésus à la fin de sa lecture d’Isaïe (ci-dessus) dans la synagogue a dû faire son effet car, pour ses contemporains, c’était sans ambiguïté : ce texte concernait la venue du Messie. Il y a eu sans doute un sacré silence et puis une explosion de joie : « Tous lui rendaient témoignage et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche ». Il faut en effet se rappeler l’importance qu’a prise petit à petit l’attente du Messie. Au début de l’histoire biblique, le Messie était celui qui avait reçu l’onction, principalement le Roi. Mais au fil du temps, la notion de messie va s’élargir et concerner tous ceux qui sont habités par l’Esprit pour guider le peuple ; cela s’appliquera donc aussi aux prophètes… Et cela désignera enfin LE Messie, celui que l’on attendait et que l’on reconnaîtrait par l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe.

Oui, mais la seule chose qu’ils n’avaient pas mesurée, c’était le sens réel de ces paroles. Jésus va bien poser ces signes au cours de sa vie publique : annoncer la parole aux pauvres et la libération des prisonniers, donner la vue aux aveugles et la liberté aux opprimés… Mais ce n’était pas du tout la façon dont ils l’attendaient car, en développant ce programme, Jésus va mettre ses contemporains très en colère : il va accueillir Zachée plutôt que tous les bons pratiquants, il va soutenir Marie Madeleine, il va guérir le jour du sabbat, il va traiter les pharisiens d’hypocrites et fréquenter les publicains et les pécheurs. Car prendre le parti des pauvres, des prisonniers, des aveugles, des opprimés, ça a des conséquences redoutables sur l’ordre public, et la façon de concevoir le respect de la loi de Moïse. « Cette Parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ! »

En écoutant cette phrase, avons-nous pensé qu’elle est pour nous aujourd’hui ?

Et sans doute avons-nous la même difficulté à l’accueillir, et ceci pour plusieurs raisons :

D’abord parce qu’en regardant le monde dans lequel nous vivons, nous avons un peu l’impression que le salut de Dieu n’est pas en route… et que cette annonce est donc un mensonge !

Et ensuite, c’est que, si un salut s’accomplit aujourd’hui, c’est par nos mains, par l’action de ceux qui ont reçu la plénitude de l’Esprit, c’est-à-dire nous ! Pour qu’on puisse voir aujourd’hui que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, il faut que nous, nous l’annoncions aux pauvres en priorité… Pour que les prisonniers soient libérés, il faut que nous, nous travaillions ardemment à faire tomber les chaînes qui emprisonnent. Et ainsi de suite…

Cela nous invite donc à deux attitudes :

D’abord à croire que l’Esprit de Dieu travaille notre monde de l’intérieur, comme un ferment… et que nous avons à apprendre à lire les événements comme des « signes des temps » et non comme des fatalités… C’est ce que faisaient les lévites dans Néhémie 8,8 : ils lisaient un passage de la loi, en donnaient le sens, et tous pouvaient comprendre… Nous aussi, c’est à la lumière de l’Écriture que nous pouvons discerner l’action de l’Esprit dans notre histoire. C’est d’ailleurs comme cela que Jésus a éclairé ses disciples sur la route d’Emmaüs.

Et en second, travailler dans le sens de l’Esprit pour hâter le jour du salut. Et nous en avons les grandes lignes avec la phrase d’Isaïe lue par Jésus dans la synagogue de Nazareth. C’est tout un programme qui nous est proposé, à nous qui sommes le corps du Christ et chacun pour notre part un membre de ce corps ! (1 Co 12,27).

En fait, nous sommes entraînés sur une voie exigeante. Jésus ne nous a jamais promis une voie facile. Il nous a même dit que le suivre, c’était prendre sa croix. Mais en même temps, quand il nous dit que c’est maintenant que ça s’accomplit, alors une joie profonde devrait nous étreindre, la joie du disciple qui sent cette proximité de Celui en qui il met sa confiance…

 

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À propos Guy de Lachaux

est prêtre de l’Église catholique depuis plus de 50 ans. Tour à tour aumônier de lycée et prêtre de paroisse (aujourd’hui à la paroisse Saint Paul de Gif-sur-Yvette), il accompagne plus particulièrement des personnes touchées par le divorce pour les aider à se reconstruire et à ouvrir un avenir dans leur vie. Auteur de plusieurs livres, notamment Accueillir les divorcés, l’Évangile nous presse et Divorcés remariés, sortir de l’impasse.

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