Il est paradoxal que le mot silence, qui me parle si fort, vienne dire l’absence de parole. Absence de bruit aussi, de son, de musique même, et de tout ce qui viendrait me distraire non seulement de ce qui m’est extérieur mais de mon esprit bruissant de pensées. Ce fracas-là peut être assourdissant, inépuisable et épuisant. On a envie de dire à son esprit-qui-pense : Tais-toi et sois beau !
Nous nous étourdissons tant et si bien d’idées, de concepts, de raisonnements, que l’humble silence ne sait plus déployer sa page blanche pour recevoir ce qui, en nous, peut s’écrire de vrai, d’essentiel, d’aimant.
Oui, le silence est au son ce qu’est la page vierge à l’écriture, ce qu’est l’Esprit à sa manifestation. Qui saurait séparer, d’ailleurs, l’écriture de la page ? Elles sont une.
De même, le silence auquel nous pouvons accéder par une voie intérieure toute de calme et d’attention n’est pas un vide ou un néant, mais un puits de potentiel. Ce silence-là nous habite avant que nous ne l’habitions. Il nous précède et nous convoque. Si nous acceptons l’invitation, il nous accueille et nous féconde.
Et alors, Dieu seul sait ce qui peut arriver : silence, on tourne !
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