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Ad nauseam !

 

 Trois mois, trois livres, un sentiment de nausée. Trierweiler, Zemmour, Houellebecq. Faut-il que la société soit devenue à ce point une porcherie pour qu’on exhale un tel parfum ? Des livres, de la littérature, de la pensée en débat ? Non, juste un symptôme d’une société malade… Prendre prétexte d’une histoire intime pour en faire impudiquement une prétendue exploration de l’âme humaine et de la vie politique, c’est une imposture. Faire croire qu’une vague opinion de café du commerce peut être une pensée, c’est une imposture. Prendre prétexte d’un talent littéraire reconnu pour proférer une série de mensonges sur les Français musulmans, c’est une imposture. Mais la peur et le voyeurisme sont rémunérateurs, messieurs les éditeurs.

 J’en veux à peine à ces trois personnes de gagner des sommes indécentes sur le dos de la médiocrité humaine. Mais jusqu’où irons-nous ? Combien encore de torchons pour que nous nous décidions à laver nos âmes ? Tout cela ressemble à un accident mortel d’un bord de route : nous n’arrivons pas à détourner notre regard. Notre voyeurisme fait partie des zones d’ombre de notre humanité. Faut-il pour autant les mettre en lumière ? Les exécutions publiques furent abolies en 1939 en France, mais le voyeurisme et l’appétit de la haine existent toujours. Notre société est une foule au pied de la croix, aimant détester celui que l’on met à mort. On lui donnera le nom anglais de bashing, mais c’est toujours d’une crucifixion qu’il s’agit.

 Au milieu de cette folie, un historien, Jacques Sémelin*, une lecture salutaire. Cet homme démonte et démontre méthodiquement les processus de haine qui mènent aux logiques génocidaires. Il nous parle de cet « autre en trop » que l’on a besoin et envie de détester. Il évoque aussi ces petits gestes des uns et des autres qui sauvèrent 75 % des juifs en France pendant la Guerre. Ces gestes infiniment plus nobles que cet étalage de bêtises et de falsifications, au nom d’une prétendue liberté de pensée… Encore faut-il que ce soit une pensée ! Nous sommes devant la croix ! À quand notre résurrection ?

* Jacques Sémelin, Persécutions et entraides dans la France occupée, Seuil-Les Arènes, 2013.

 

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À propos Jean-Marie de Bourqueney

est pasteur de l’Église protestante unie. Il est actuellement à Paris-Batignolles. Il est notamment intéressé par le dialogue interreligieux et par la théologie du Process.

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