s’il est un mot ambigu, c’est bien celui de « vœu ». Du vœu, on dit facilement qu’il est pieux et l’adjectif n’est alors pas un compliment. Cette piété-là signifie tartufferie puisque formuler un vœu pieux, c’est croire d’avance qu’il ne s’accomplira pas. Autant dire « velléité » ou « rêve impossible ». On peut sourire que la piété devienne synonyme de mensonge quand elle accompagne un vœu. Pourtant c’est bien par piété que les religieux prononcent des vœux. Sont-ils « pieux » ces vœux de pauvreté, chasteté et obéissance ? Il ne nous appartient pas de répondre.
On comprend que tout vœu soit menacé de n’être qu’un vain rêve car le vœu prétend maîtriser le temps. Faire un vœu, c’est au sens étymologique (latin vovere) faire une promesse, dire aujourd’hui ce que sera demain. Il y a un peu d’outrecuidance dans le vœu qui prétend ainsi contrôler le devenir.
Il n’est donc pas étonnant que ce mot si ambitieux ait fini par prendre un sens appauvri, amoindri. De promesse et engagement, il en vient à dire seulement « souhait », ce qui semble bien peu par rapport au premier sens. Formuler des vœux, ce n’est plus alors qu’énoncer une espérance.
Et si la vraie piété n’était finalement pas là, dans cet acte d’espérance et de confiance en l’avenir qu’est l’expression des vœux ? Former un vœu, c’est croire que le pire n’est pas certain et que le meilleur est possible envers et malgré tous les obstacles. La formalité des vœux de début d’année peut alors être plus que la conformation à un rituel si on la vit dans cette conscience, qu’en l’accomplissant, on table sur l’espérance.
C’est pourquoi je forme pour vous, lectrices et lecteurs, le vœu sincère d’une année de paix et d’amour.
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