Ce mot figure dans le titre de notre mensuel. On le retrouve dans le cartouche consacré à nos principes (avant-dernière page) où nous affirmons « la vocation de l’homme à la liberté ». Tout croyant devrait pouvoir en dire autant. Mais, en fait, nous avons peur de la liberté. Elle dérange notre confort, nous déstabilise, trouble notre sécurité ; elle nous invite à une responsabilité exigeante et audacieuse. On le sait et cela est vrai dans toutes les religions : les dogmatismes rassurent. Ils sont des armures et des boucliers protecteurs, mais simultanément des entraves et des freins. Les dogmatismes nous permettent de faire l’économie d’une réflexion véritablement novatrice. Il s’agit pourtant de « penser et croire en toute liberté », comme nous y invite le slogan de notre journal. La liberté n’est pas le chemin de la facilité ; elle ne va pas de soi. C’est la raison pour laquelle le philosophe Nicolas Berdiaeff (1874-1948), de confession orthodoxe et passionnément libéral, aimait à dire que la liberté n’est pas tant un droit qu’un devoir. La vocation de l’homme à la liberté est celle d’une invention créatrice (religieuse, sociale, artistique…) susceptible de surprendre même… Dieu.
À Évangile et liberté, nous tenons à promouvoir une foi personnelle et non pas simplement d’héritage : nous préférons les risques de la liberté à ceux de l’autorité. Nous ne voulons d’aucune infaillibilité : pas plus biblique qu’ecclésiale ou pontificale. Nous sommes à l’opposé de cette boutade d’un essayiste à qui on demandait ce qu’il croyait et qui répondit : « Allez le demander à Rome. » Allez le demander à Luther, Zwingli, Calvin… Alexandre Vinet (1797-1847) a écrit : « Quiconque n’aime pas la liberté religieuse n’en aime réellement aucune. »
Laurent Gagnebin et Raphaël Picon
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