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Les Coptes, chrétiens d’Égypte

   La très grande majorité des chrétiens d’Égypte sont aujourd’hui des Coptes orthodoxes. Leur Église se réclame de l’autorité de l’apôtre Marc, qui aurait évangélisé le pays dans les années 50 avant d’être martyrisé en 62 à Alexandrie. Jésus luimême serait venu tout enfant en Égypte avec ses parents, fuyant la persécution d’Hérode et y aurait séjourné trois ans, semant les graines du futur christianisme et réalisant ainsi la prédiction du prophète Ésaïe : « Oracle sur l’Égypte. Voici que Yahvé, monté sur un nuage léger, vient en Égypte. Les faux dieux d’Égypte chancellent devant lui. » (Es 19,1) De fait, l’itinéraire de la Sainte- Famille depuis son entrée dans le pays jusqu’au coeur de la vallée du Nil est aujourd’hui balisé de lieux de pèlerinages, alors que la mention de la fuite en Égypte dans l’évangile de Matthieu (2,13-15), est très succincte.

  En réalité, ces faits, si féconds sur le plan littéraire et iconographique, ne sont appuyés par aucun témoignage historique ou archéologique et sont probablement légendaires. On ne sait presque rien des débuts de la christianisation de l’Égypte. Il reste aux historiens à tenter de reconstruire les circonstances dans lesquelles ce processus a pu avoir lieu.

   Étant donné la configuration géographique du pays, un long ruban de terres cultivées resserrées autour de la vallée du Nil, s’étendant de la Méditerranée au Nord à la première cataracte du Nil au sud, c’est à Alexandrie, ville méditerranéenne cosmopolite, que le christianisme s’est sans doute implanté d’abord. Aux deux premiers siècles avant notre ère, la population d’Alexandrie comptait un grand nombre de Grecs, présents depuis la conquête d’Alexandre en 330 avant JC. Elle comprenait aussi de nombreux Juifs de languegrecque. Toujours selon la tradition, vers 250 avant JC, un groupe de soixante-dix savants juifs, appelés les « Septante », avait traduit d’hébreu en grec l’Ancien Testament. Le terrain était favorable pour la diffusion de la nouvelle religion née en Palestine.

  Ainsi le premier christianisme égyptien fut juif et de langue grecque. Les nombreux textes qui en témoignent montrent aussi que les doctrines religieuses qui circulaient dans les deux premiers siècles étaient diverses et complexes. La plupart furent par la suite qualifiées d’hérétiques et ne survécurent que de manière marginale ou secrète. C’est le cas par exemple des manuscrits dits « gnostiques », qui furent découverts dans une grotte à Nag Hammadi en 1947, dont les textes portent des titres évocateurs, mais ésotériques : « Évangile de Vérité », « Les trois stèles de Seth », « La Prôtennoia trimorphe », sans oublier le fameux « Évangile de Judas », récemment retrouvé, qui suscite tant de discussions quant à sa signification. Dans le courant du IIe siècle, une école théologique, le Didascalée, fut créée à Alexandrie. Les penseurs qui s’y succédèrent s’appliquèrent à faire entrer la nouvelle religion dans les cadres de la philosophie grecque. Particulièrement illustre est la figure d’Origène (première moitié du IIIe siècle) dont l’activité principale fut l’exégèse biblique basée sur la méthode allégorique.

  Dans le même temps se constituait une hiérarchie ecclésiastique, avec à sa tête un archevêque. Les institutions étaient désormais en place pour la diffusion du christianisme dans le reste du pays.

  Une telle diffusion devait passer par la traduction des grands textes grecs du christianisme dans la langue autochtone. Si le grec s’était imposé comme langue administrative et culturelle, l’égyptien demeurait en effet la langue religieuse et celle des échanges privés. L’ancienne écriture hiéroglyphique était encore utilisée pour les grandes inscriptions des temples, tandis qu’une écriture plus cursive servait aux scribes des documents. Cependant, avec son système graphique devenu de plus en plus compliqué, cette écriture était de moins en moins accessible. C’est pour cette raison, et peut-être aussi à cause de sa coloration païenne, qu’elle ne fut pas adoptée lors du processus de traduction. À une période impossible à déterminer précisément (peut-être le courant du IIIe siècle), les cercles savants chargés de ces traductions décidèrent d’utiliser, pour transcrire l’égyptien, les vingt-quatre lettres de l’alphabet grec augmentées de signes (six ou sept selon les dialectes) destinés à rendre les sons inconnus du grec (par exemple le « ch » ou le « dj »). Ainsi naissait l’écriture « copte », qui allait être utilisée pendant les siècles suivants dans les manuscrits, les inscriptions murales, les stèles funéraires, les lettres et documents de la vie quotidienne. Quant à la langue copte, fondamentalement la même que la langue pharaonique plurimillénaire, elle s’enrichissait aussi d’un très grand nombre de mots grecs (plus de quatre mille). Il n’est sans doute pas inutile de rappeler que c’est sa connaissance de la langue copte qui permit à Champollion de déchiffrer l’écriture hiéroglyphique.

Alphabet copte copié par un moine sur un éclatde calcaire. VIIIe siècle. © MANT.

  Il est temps d’expliquer la signification de « copte ». Le mot est dérivé du grec « aiguptios », qui signifie « égyptien ». Transcrit en arabe, il devient « qubti », origine de la forme « copte ». Ce mot ne sera utilisé qu’après la conquête arabe de 642, et servira aux conquérants à désigner les habitants et la langue du pays conquis, les Égyptiens. L’islamisation et l’arabisation progressives ont fait que les chrétiens d’Égypte, les Coptes, ne sont plus aujourd’hui qu’une minorité, et que leur langue, le copte, est réduite à une utilisation liturgique, tandis que la langue du pays est l’arabe. Quant à l’Église d’Éthiopie, fille de l’Église égyptienne mais indépendante depuis 1951, elle n’est copte que par son rite, sa langue liturgique est le ge’ez, langue sémitique qui n’a rien à voir avec le copte.

  Mais revenons aux temps où l’Égypte n’était pas encore chrétienne.

  Il serait faux d’imaginer que la diffusion du christianisme s’est faite sans heurt et sans obstacle. La forme la plus violente de résistance s’est manifestée à travers plusieurs vagues de persécutions au cours du IIIe siècle, dont la plus destructrice est attribuée à l’initiative de l’empereur Dioclétien (fin du IIIe siècle). Ces persécutions ont fortementmarqué le christianisme égyptien, suscitant récits de martyres et de miracles, érection de sanctuaires et célébrations de fêtes commémoratives et de pèlerinages. Parmi les plus célèbres martyrs se distingue saint Ménas, à qui un immense sanctuaire fut consacré dès le IVe siècle au sud d’Alexandrie, sanctuaire toujours en activité aujourd’hui. Le saint est presque toujours représenté avec les deux chameaux qui, selon la légende entourant son martyre, indiquèrent aux fidèles le lieu de sa sépulture que les bourreaux avaient essayé de garder secret. Une autre conséquence visible de la grande persécution est l’adoption de l’avènement de Dioclétien (284) comme point de départ du calendrier copte : à partir du VIe siècle au plus tard, tous les documents et événement sont datés de « l’ère de Dioclétien », appelée aussi « ère des Martyrs ». Cette période de grandes tribulations servira de référence à chaque fois que les chrétiens d’Égypte traverseront d’autres périodes difficiles.

  En 313, l’édit de l’empereur Constantin mettait fin aux persécutions en proclamant le christianisme religion officielle de l’Empire. L’Église d’Alexandrie sortait particulièrement forte de cette lutte et sa primauté se fit bien sentir au concile oecuménique de Nicée en 325, où son évêque, Athanase, fit adopter le « Credo » qui est aujourd’hui encore la base de la foi chrétienne. Cette victoire ne masquait que temporairement des rivalités politiques et des divergences théologiques à propos du dogme de la Trinité, germes latents de futures polémiques. En 391, l’empereur romain Théodose 1er ordonnait la fermeture des temples païens. La plus spectaculaire en Égypte fut à Alexandrie celle du Sérapéum (temple du dieu Sérapis), qui donna lieu à une violente émeute.

Icône du Christ avec l’abbé Ména. Monastère de Baouit. VIIe siècle. Musée du Louvre/Georges Poncet.

  Malgré la rupture fondamentale que constitue l’adoption du christianisme, on considère volontiers qu’un certain nombre de traits de la religion égyptienne ont permis des transitions ou des transferts. Ainsi la fameuse « croix ansée » de l’écriture hiéroglyphique qui signifie « vie », se retrouve souvent brodée sur des tissus d’époque chrétienne, et sa forme n’est pas très éloignée de celle du staurogramme (croix surmontée d’une boucle fermée) qui ouvre les lettres, les documents et certains manuscrits à partir du IVe siècle. La faveur rencontrée en Égypte par l’image de la Vierge allaitante s’expliquerait bien par la popularité du mythe de la déesse Isis allaitant son fils Horus. L’importance du cultede la Vierge est d’ailleurs une des marques du christianisme égyptien. À vrai dire, à toutes les époques, la civilisation égyptienne a préféré assimiler les nouvelles croyances sans pour autant rejeter les anciennes. L’iconographie des tissus coptes du IVe au VIIe siècle montre ainsi un parfait mélange de scènes bibliques (sacrifice d’Isaac, histoire de Joseph, Annonciation) et de scènes mythologiques païennes. En revanche, certaines pratiques païennes, comme l’habitude de festoyer jusqu’à l’ivresse lors des pèlerinages ou de recourir à la magie, étaient sévèrement combattues par les autorités, évêques et grands moines, mais difficiles à extirper de la religion populaire. Mais la résistance la plus difficile à réduire fut celle des intellectuels païens, notamment dans les deux grands centres que constituaient Alexandrie au Nord et Panopolis au Sud. Pétris de savoir philosophique et religieux, acteurs de bienfaisance sociale aussi à l’occasion, ces penseurs ne reconnaissaient pas de nécessité ni de supériorité à la nouvelle religion. L’assassinat de la philosophe Hypatie en 415, sous l’épiscopat de Cyrille d’Alexandrie, montre que la violence et l’intolérance furent aussi du côté des chrétiens.

  L’implantation du christianisme fut assurément un combat sur plusieurs fronts, et les moines en furent des acteurs décisifs en maintes occasions. C’est en Égypteque le monachisme prend sa source, sous les deux formes principales que sont l’anachorétisme, mode de vie solitaire et retiré du monde, initié par Antoine à la fin du IIIe siècle, et le cénobitisme, mode de vie communautaire fondé par Pachôme quelque temps plus tard. Entre ces deux formes extrêmes, un grand nombre de variétés mixtes ont existé : vie solitaire pendant la semaine et célébrations communes le samedi et le dimanche, possibilité pour les femmes de pratiquer l’ascétisme à domicile, etc. Depuis les origines, l’Église égyptienne s’est toujours appuyée sur les moines : déjà Antoine l’ermite était très proche d’Athanase d’Alexandrie et lui servit à l’occasion de conseiller, tandis qu’inversement la Vie d’Antoine est attribuée à Athanase. C’est dans les monastères que s’est élaborée et transmise la majeure partie de la littérature religieuse parvenue jusqu’à nous : textes bibliques et apocryphes, récits hagiographiques, histoire de l’Église, traités ascétiques et homélies diverses. Du Ve au VIIIe siècle, la vallée du Nil était probablement peuplée d’établissements monastiques de divers types, du simple ermitage aménagé dans une ancienne tombe pharaonique, au monastère-village tel que ceux fondés par Antoine ou son compagnon Paul de Thèbes dans le désert, à quelques kilomètres de la Mer Rouge. Beaucoup de ces monastères sont encore ou de nouveau en activité aujourd’hui, tandis que d’autres sont enfouis dans les sables, comme le grand ensemble monastique de Baouit, fondé par saint Apollo au IVe siècle, dont l’une des églises a été reconstituée au musée du Louvre. De ce site provient la très belle icône conservée au Louvre, qui montre l’un des abbés du monastère, Ména, à côté de Jésus, ce dernier, plus grand, lui entourant les épaules de son bras, dans un geste protecteur multiséculaire en Égypte. Si plusieurs des grands saints moines de l’Égypte sont bien connus des autres traditions orientales et même en Occident (Antoine, Pachôme, Macaire), il en est un dont la renommée n’a pas dépassé les frontières de l’Égypte et qui a pourtant laissé une marque ineffaçable sur le christianisme copte : il s’agit de Chénouté, abbé d’une congrégation de plusieurs centaines de moines aux IVe et Ve siècles et auteur du plus important ensemble d’oeuvres littéraires écrites en copte. Par ces oeuvres, dans lesquelles il combat avec le même acharnement tant les manquements à la discipline à l’intérieur de ses monastères que les idées et pratiques païennes ou hérétiques à l’extérieur, Chénouté est devenu une sorte de champion d’un christianisme rigoureux et sans compromis. Ce n’est pas un hasard si le patriarche de l’Église copte entre 1971 et 2012 avait pris le nom de Chenouda III (Chenouda est la forme arabisée du copte Chénouté), dans son effort constant et sans concession pour préserver la grandeur de son Église.

  Comme Antoine avait été le soutien d’Athanase d’Alexandrie, Chénouté fut celui de Cyrille. Le IVe siècle voit en effet resurgir les querelles théologiques autour de la Trinité. Le concile de Nicée avait imposé le dogme de la consubstantialité du Père et du Fils, mais la question des deux natures du Christ dans une même personne continuait de donner lieu à des interprétations divergentes, renforcées par des rivalités politiques entre Alexandrie, Antioche et Constantinople. Il est impossible d’entrer dans toutes les subtilités de ces querelles, mais il est certain qu’elles furent lourdes de conséquences pour les chrétiens d’Égypte. Suivons les principaux personnages et événements de cette période :

  – En 431, lors d’un concile tenu à Éphèse, Cyrille d’Alexandrie fit excommunier et déposer son ennemi Nestorius, patriarche de Constantinople, qui défendait l’idée de deux personnes coexistant dans le Christ et refusait de voir dans la Vierge Marie la mère de Dieu (en grec Theotokos : ce titre de la Vierge est un des piliers de l’Église copte). Cyrille avait l’avantage d’être arrivéle premier, accompagné d’une forte escorte de moines (parmi lesquels Chénouté), et la hâte avec laquelle il fit prononcer la déposition de Nestorius en l’absence des représentants de Rome et d’Antioche ont fait parfois appeler ce concile « Brigandage d’Éphèse ».

  – Quelque temps plus tard, pour se réconcilier avec le parti antiochien, Cyrille raffina ses formulations : plutôt que d’affirmer l’union des deux natures du Christ en une seule personne divine (ce qui permet de dire que Marie est la mère de Dieu, et non seulement du Christ), il reconnut qu’humanité et divinité du Christ restaient présentes dans leur synthèse (union sans confusion).

  – Dans les années 440, la controverse théologique repartit, sous l’influence d’un supérieur de monastère à Constantinople, Eutychès, qui insistait seulement sur « une seule nature » au lieu de l’union hypostatique de Cyrille. Eutychès avait été condamné lors d’un synode local à Constantinople en 448. Mais Dioscore, le nouveau patriarche d’Alexandrie, décida de prendre son parti.

  – En 451, un nouveau concile fut convoqué à Chalcédoine. Eutychès y fut condamné, tandis que les positions du concile, s’appuyant notamment sur un document rédigé par Léon de Rome, introduisaient le terme de « deux natures » du Christ, « sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation ». Considérant ces positions comme une trahison de Cyrille et refusant d’y adhérer, Dioscore fut excommunié, entraînant derrière lui la plus grande partie de l’Église égyptienne, désormais rangée dans le camp des « monophysites », terme considéré comme péjoratif auquel il faut préférer celui de « non-chalcédoniens ».

Manuscrit copte avec un portrait del’abbé Chénouté. Parchemin. Xe siècle. © BnF.

  Les conséquences de ce schisme furent multiples. Les décennies qui suivirent furent marquées par des affrontements répétés entre deux Églises, l’Église chalcédonienne continuant à être représentée en Égypte et soutenue par l’empereur d’Orient. Certains monastères d’obédience non chalcédonienne furent persécutés, et fermés. L’amertume et les difficultés provoquées par la séparation se cristallisèrent dans la littérature et l’hagiographie. Dioscore d’Alexandrie, par exemple, devint quasiment une figure de martyr et il est toujours invoqué parmi les grands saints de l’Église copte lors de certaines liturgies. Des dizaines d’homélies coptes composées entre le VIe et le VIIIe siècle portent les traces de polémique anti-chalcédonienne et laissent entrevoir la profondeur des conflits, à l’intérieur même du mouvement monastique. Enfin, lorsque se produisit le grand schisme de 1054 entre l’Église catholique et l’Église d’Orient, c’est tout naturellement que l’Église copte se retrouva parmi les orthodoxes. À l’intérieur du monde orthodoxe, les Coptes constituent cependant une Église complètement indépendante.

  Bien plus tard, des essais de rapprochement commencèrent de la part de Rome, dans l’espoir de rallier les Églises d’Orient, parmi lesquelles les Coptes. La première tentative fut faite au concile de Florence en 1439, suivie par d’autres, plus ou moins officielles, mais sans réel succès. Des missions furent envoyées en Égypte à partir du XVIIe siècle, qui sont à l’origine de l’existence d’une minorité de Coptes catholiques (environ 300 000), et de Coptes protestants à peu près aussi nombreux. Ce n’est qu’en 1973 que le patriarche Chenouda III et le Pape Paul VI parvinrent à une déclaration commune concrétisant l’entente entre les deux Églises, qui confessent « l’unique Dieu, Un en trois Personnes » et « la divinité du Fils unique incarné de Dieu… Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité ».

  Mais moins de deux siècles après le schisme de Chalcédoine, le christianisme égyptien avait subi un autre coup qui devait se révéler bien plus dur encore : la conquête du pays par les Arabes en 642. Le processus d’arabisation et d’islamisation, plus ou moins rapide et plus ou moins contraignant selon les périodes et les régions, fit qu’à la fin du IXe siècle déjà, le copte était devenu une langue minoritaire, et s’éteignit complètement vers le XVe siècle. Dans une société islamique qui fait des chrétiens des citoyens au statut particulier ou « dhimmis », l’histoire des Coptes à partir du VIIIe siècle se déroula dans une alternance de périodes prospères et sereines, et de tribulations plus ou moins graves, entre oppression fiscale, discrimination sociale, arrestations et assassinats.

  Aujourd’hui les Coptes d’Égypte représentent entre 6 % et 10 % de la population. En fait leur nombre exact n’est pas connu et fait l’objet de discussions constantes, les chiffres du gouvernement ayant tendance à le minorer, ceux de l’Église à le majorer. Quoi qu’il en soit c’est la minorité chrétienne la plus importante du Moyen-Orient. Ils sont présents dans toutes les couches de la population. Pour la plupart d’entre eux, la participation à la vie paroissiale est un important lien social, ainsi qu’un lieu de réconfort moral et spirituel. Les liturgiessont longues (plus de 3 h en général), les jeûnes fréquents, les fêtes nombreuses. Les diacres, nombreux et actifs depuis les origines, sont un élément majeur de cohésion. Les monastères jouent un rôle important de rassemblement et de conseil. À partir des années 1960, l’Égypte a connu un important renouveau du mouvement monastique, avec des vocations en constante augmentation, la réhabilitation d’anciens monastères et la construction de nouveaux. Chaque fin de semaine voit des familles entières se retrouver dans les monastères, pour des messes, des échanges avec leurs conseillers spirituels, de joyeux repas collectifs, notamment dans les quatre grands monastères situés dans le désert dit du « Ouadi-Natroun », à mi-chemin entre Le Caire et Alexandrie.

  En novembre 2012, un nouveau pape a été élu, au tirage au sort entre trois candidats, conformément la tradition : il s’agit de Tawadros II, dont la réputation de modération et d’intelligence ont redonné espoir à ses fidèles.

  Car depuis une cinquantaine d’années, l’inquiétude face à la montée des intégrismes a provoqué un mouvement croissant d’émigration. Des milliers de Coptes sont désormais installés en Australie, en Californie, au Canada, en Europe de l’Ouest (Allemagne, Angleterre, France), autour de nombreuses paroisses. Quelques monastères ont également été fondés, mais ils sont encore peu nombreux. On rencontre ainsi des situations un peu paradoxales, telle celle d’une jeune femme née en Australie dans une famille copte émigrée, revenue en Égypte depuis quelques années pour intégrer un monastère féminin de la région du Delta tout en poursuivant, par l’intermédiaire d’Internet, des études de copte à l’Université de Sydney. Quoi qu’il en soit, ces communautés dynamiques de la diaspora sont aussi des espaces de socialisation (écoles, activités culturelles et sportives, cours de langue et de civilisa tion coptes).

  L’actualité a récemment montré que les chrétiens d’Égypte sont plus que jamais en danger. Ce n’est certes pas la première fois que des églises coptes sont brûlées et des Coptes assassinés, mais les derniers événements de ce genre se sont produits sur un fond de grave incertitude quant à l’avenir politique de l’Égypte. Si les Coptes préfèrent généralement un régime militaire, d’apparence plus respectueux d’une certaine égalité entre citoyens, à un régime islamiste, ils ne sont pourtant jamais à l’abri. Les régimes militaires ont en effet tous montré qu’ils étaient prêts, à tout moment, à sacrifier les chrétiens pour rétablir l’ordre. Mais l’histoire a montré aussi qu’à toute époque, c’est dans la revendication et la fidélité à leur identité égyptienne que les Coptes ont puisé leur capacité de résistance et d’épanouissement

Bibliographie :

– Christian Cannuyer, L’Égypte copte. Les chrétiens du Nil, Paris 2000 (collection « Découvertes » Gallimard).

– L’art copte en Égypte. Deux mille ans de christianisme, Paris 2000 (catalogue de l’exposition de l’Institut du monde Arabe).

– Écrits gnostiques : La bibliothèque de Nag Hammadi, Paris (coll. « La Pléiade »), 2007.

– Film : « La Vierge, les Coptes et moi », de Namir Abdelmesseh, 2012 (disponible en DVD).

Amnesty international s’inquiète des agressions que subissent les Coptes

depuis quelques mois en Égypte, et demande au ministre égyptien de la défense

d’assurer leur protection, celle de leurs églises, de leurs écoles et de leurs

habitations. Une pétition est disponible à l’adresse : http://www.amnesty.fr/

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