Accueil / Journal / La résurrection

La résurrection

Dans la rubrique Repenser, Évangile et liberté propose les éléments d’un petit catéchisme. Après incarnation, Croix, péché, Dieu, voici la résurrection.

   En français, le verbe « ressusciter » appartient au patois théologique, alors que les mots grecs de la Bible appartiennent au langage courant, egeiro ou anistemi veulent dire « se lever », comme on se lève de table ou qu’on se lève le matin. C’est bien dommage, car cela ne nous aide pas à comprendre ce que l’Évangile nous dit sur la notion de résurrection, la rendant particulièrement mystérieuse alors qu’elle nous est plutôt présentée dans la Bible comme une expérience qui est à vivre durant notre vie en ce monde, voire une expérience que nous avons déjà vécue, comme nous le dit Paul « vous avez été ressuscités avec Christ » (Col 2,10).

   La vie éternelle ce n’est pas, ou pas seulement, une vie future (après la mort de notre corps), mais une vie présente qui est éternelle par certains aspects, une vie qui est plus forte que la mort. Cette qualité est offerte par Dieu, c’est lui qui nous ressuscite ou qui ressuscite le Christ. C’est déjà une bonne nouvelle ; nous n’avons pas à arriver tout seul à entrer dans la vie éternelle en construisant des pyramides ou en nous élevant à une telle qualité par la seule force de notre sagesse. La question semblerait plutôt de s’ouvrir à cette action de Dieu.

   Dans l’évangile selon Matthieu, l’enseignement de Jésus commence par cette affirmation qui est le résumé ou la clef de tout l’Évangile : « Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux. » (Mt 5,3). La vie éternelle est promise pour le présent, il suffit pour cela d’être « pauvre en Esprit », c’est-à-dire, à mon avis, de demander à Dieu son Esprit comme un mendiant demande du pain parce qu’il sait qu’il va mourir demain s’il n’a pas de pain aujourd’hui. C’est la même démarche qui nous est proposée, mais en d’autres termes, dans l’évangile selon Jean ; Jésus y déclare : « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle. » (Jn 3,36). Là encore, nous avons un présent, et la question clef est celle de la foi (et non pas celle de la croyance, comme peut le laisser penser le verbe croire). Résurrection et conversion sont ainsi deux mouvements qui sont profondément liés, mais que l’on ne peut confondre, la conversion ayant l’homme pour sujet, alors que la résurrection a, elle, Dieu pour sujet.

   « Le Christ est ressuscité » (Lc 24,46). Voilà une annonce fondamentale de l’Église chrétienne ; elle ne peut être contournée quand on se pose des questions sur notre résurrection. Dans les évangiles, le Christ ressuscité a un mode de présence qui fait qu’il passe à travers les portes fermées, apparaissant et disparaissant en un clin d’oeil (Jn 20, Lc 24) ; et se prolongeant, selon la célèbre conclusion de l’évangile selon Matthieu (Mt 28,20), pour nous tous, tous les jours et jusqu’à la fin du monde. La présence du Christ ressuscité est ainsi plutôt une expérience de foi de ses disciples qu’une présence matérielle sur terre. Cette résurrection du Christ est importante pour nous car, nous dit l’Évangile, nous vivons véritablement si le Christ ressuscite en nous, s’il vit en nous (Ga 2,20). Ces expressions sont un peu surréalistes, mais il s’agit d’une réalité très concrète qui est peut-être plus facilement compréhensible si l’on remplace le mot Christ par ce qu’il incarne, par exemple la foi, l’espérance ou l’amour. Vivre avec cette qualité d’être qu’est la vie éternelle, c’est quand l’amour vit en nous, est source d’une espérance vivante et d’une vraie fidélité à Dieu.

   La question de la résurrection n’est donc pas tellement celle de savoir ce qu’il y a après la mort du corps d’une personne. La question est plutôt de savoir si notre existence se limite aujourd’hui à cette vie biologique. Le mot de résurrection en français est, là aussi, trompeur car son préfixe « re » laisse penser à un retour en arrière. Or, il ne s’agit pas de cela, mais de la naissance d’une dimension supplémentaire dans cette vie présente, comme si notre corps pouvait enfin se lever, avancer, vivre vraiment, et aimer.

   Quant à la vie dans l’autre monde, nous verrons bien quand nous y serons, « à chaque jour suffit sa peine », à chaque jour suffisent ses questions.

Don

Pour faire un don, suivez ce lien

À propos Marc Pernot

Marc.Pernot@evangile-et-liberte.net'
après avoir été ingénieur géographe et informaticien, est pasteur de l’Église Protestante Unie de France depuis 20 ans, en poste actuellement à l’Oratoire du Louvre. Il est webmaster de olivierabel.fr, andregounelle. fr, et oratoiredulouvre.fr qui est un des sites protestants francophones les plus fréquentés.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Évangile et Liberté

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading