Créée en 1911 par le pasteur Wilfred Monod. La Clairière offre aujourd’hui, au coeur de Paris, de nombreux services d’accueil, de formation, d’insertion, de solidarité. Héloïse Duché, Responsable Jeunesse, nous présente ce centre social
Ce matin de novembre, au 60 rue Greneta, au coeur du quartier des Halles et du Sentier, une formation professionnelle a lieu dans la grande salle, au premier étage les formateurs bénévoles animent un cours de français, plus bas les éducateurs spécialisés tiennent une réunion. Des habitants passent, des jeunes enfants s’amusent à la halte garderie et bientôt des jeunes viendront pour l’accompagnement scolaire, des allocataires RSA (Revenu de solidarité active) sont attendus pour leurs rendez-vous de suivi…
C’est un matin comme les autres à La Clairière ; les locaux, disséminés dans tout le quartier, sont en ébullition, un grand nombre de projets y sont vécus dans un esprit de tolérance et de résistance à l’indifférence et à l’injustice qui fait de cette institution, comme le dit sa devise, « un lieu pour trouver sa place ».
Cet esprit règne à La Clairière depuis près de cent ans. À l’époque, le pasteur de l’Oratoire du Louvre Wilfred Monod créait un patronage qui devait porter les valeurs du christianisme social ; il annonçait en chaire : « Les portes du 60 rue Greneta sont ouvertes à deux battants à toutes les créatures humaines qui répondent à notre appel, qu’elles soient catholiques ou protestantes, juives ou musulmanes, libres-penseuses ou spirites… »
Nous perpétuons aujourd’hui cette vision d’une Clairière, « espace défriché et clair dans la sombre forêt ». Nous conservons un partenariat actif avec la paroisse de l’Oratoire en nous demandant ce que veut dire être citoyen, parent, habitant, et en créant un espace de parole et d’ouverture au monde qui nous entoure. Cela s’exprime aussi par des actions concrètes et une participation de la paroisse au financement de certaines actions, aux grands repas mensuels devenus célèbres (« Table du Monde »), aux ressources bénévoles, au Conseil d’Administration et à certaines animations.
Outre notre action sociale et socio-culturelle, nous n’avons cessé ces dernières années d’innover pour trouver des solutions pratiques, adaptées et durables envers les personnes fortement éloignées de l’emploi. Ainsi, tout récemment nous avons ouvert un service de formation et d’accompagnement à l’emploi d’auxiliaires parentales et de femmes de ménage : Clair Service. Trois entreprises d’insertion ont été crées au cours de ces 15 dernières années : Un Monde Gourmand, traiteur associatif, Batir, entreprise de second oeuvre et Travail au Clair, qui donne la possibilité à des personnes très éloignées de l’emploi de ne pas travailler au noir.
Ces nouveaux services se sont créés dans la continuité des autres services : deux clubs deprévention pour la jeunesse, un centre social où tous les publics sont les bienvenus, un Espace Public Numérique qui oeuvre à la réduction de la fracture numérique, un service de d’accompagnement des allocataires RSA.
Indépendante de l’Église de l’Oratoire du Louvre mais fidèle à ses enseignements, La Clairière a appris à se gouverner elle-même, à choisir ses orientations. Fidèle à son héritage réformé libéral, elle a développé une aptitude à s’enthousiasmer et à s’indigner qui lui permet de prendre n’importe quel problème à bras le corps, avec une volonté de responsabilité et de conscience.
Comme le souhaitaient ses pères fondateurs, La Clairière est passée d’une oeuvre charitable créée par un petit groupe d’hommes et de femmes sans compétence particulière à une institution spécialisée, animée par des professionnels de l’aide sociale. C’est un lieu de créativité, qui remet sans cesse en question ses représentations du monde et de l’action sociale.
- La Clairière – Centre Social ; 60 rue Greneta, 75002 Paris Voir aussi : Catherine Goguel et Jacques Poujol, La clairière, 90 ans d’action sociale au coeur de Paris, éd. La Clairière, 2002.
- http://www.laclairiere.org/
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