Au sens propre, on appelle « littéralisme » l’attitude qui attribue une importance décisive aux mots et aux phrases d’un texte ; le vocabulaire et la syntaxe en donneraient le sens.
La Réforme a été littéraliste dans sa lecture de la Bible. Elle a écarté les interprétations spiritualisantes, souvent fantaisistes, qui cherchaient partout des significations cachées ou cryptées (ainsi ce qui est dit de « Jérusalem » s’appliquerait en fait à l’Église). Pour la Réforme, ces interprétations, dont le Moyen Âge était friand, malmènent les Écritures et leur font dire n’importe quoi.
Aujourd’hui, le littéralisme conteste que le genre littéraire, les circonstances historiques et l’environnement culturel des livres bibliques en déterminent le sens. Les textes ont, pour lui, valeur et autorité en eux-mêmes, dans leur littéralité, indépendamment de leur contexte. Il voit, par exemple, dans le début de la Genèse le récit d’événements réellement arrivés et refuse de les expliquer par la conception qu’on avait de l’univers au moment de leur rédaction.
Le littéralisme a des vertus ; il empêche cette désinvolture qui joue avec les énoncés comme le faisaient beaucoup d’allégoristes du Moyen Âge. Une attention rigoureuse à la « lettre » est nécessaire. Pourtant, elle ne suffit pas pour comprendre un texte, parfois même elle fait obstacle à son intelligence. Parti d’un souci juste, le littéralisme s’égare ; en effet, ce qu’on veut dire ne se confond pas forcément avec ce qu’on dit ; il faut s’efforcer de distinguer le message (ce qu’on cherche à faire entendre) du langage (de la manière dont on le formule). L’esprit s’exprime toujours dans une lettre, mais la lettre n’enferme jamais l’esprit.
Pour faire un don, suivez ce lien