Qu’est-ce qui attire tant d’occidentaux vers le bouddhisme ? Ne serait-ce pas une perte de foi des chrétiens dans leur Dieu, considéré comme complice – sinon responsable – de toutes les atrocités que le monde connaît (guerres, génocides, cataclysmes divers…) ?
Le bouddhisme a, de ce point de vue, un certain avantage : il ne parle pas explicitement de Dieu, et s’intéresse plutôt à l’individu et à son bonheur. Le « nirvana » apparaît comme un substitut séduisant au paradis des chrétiens.
Ce n’est que vers 1820 qu’apparaît le terme « bouddhisme », invention des orientalistes européens : les Asiatiques parlent du dharma (sanscrit) ou dhamma (pâli) pour qualifier les enseignements et la loi du Bouddha. La publication, en 1844, de l’ouvrage d’Eugène Burnouf, Introduction à l’histoire du buddhisme indien, ainsi que les travaux d’autres pionniers, vont susciter en Europe un formidable engouement.
Les premiers lamas tibétains à venir en Occident ayant été invités par des Français, c’est en France qu’ils commencent à enseigner au milieu des années 1970. Les Français convertis au bouddhisme se réfèrent principalement aux deux écoles tibétaines dont étaient issus ces grands maîtres. On peut estimer à 100 000 environ le nombre de convertis au bouddhisme aujourd’hui. Quant au nombre total des bouddhistes de France, environ Le Paradis du Bouddha Amitabha. Peinture sur soie chinoise du 8e siècle. Londres, British museum. 700 000 personnes, il comporte une majorité d’Asiatiques dont les lieux et les habitudes de culte ne se confondent pas avec ceux des convertis. Si le nombre des Français bouddhistes reste limité, en revanche, le cercle des sympathisants touche plusieurs millions de personnes. On peut dire la même chose des pays comme la Suisse ou la Belgique.
Comme l’exprime le Dalaï Lama, l’enseignement du Bouddha recouvre ce qui est habituellement entendu par religion, philosophie, science de l’esprit ou humanisme, sans être réductible à l’une de ces catégories.
Par sa souplesse et son caractère non dogmatique, le bouddhisme se prête bien au bricolage et à la religion « en kit » qui ont la faveur de nos contemporains. Il attire par ses valeurs (compassion, liberté, respect de la vie, non-violence, tolérance), par les bénéfices de sa pratique (travail sur le corps et les émotions, sérénité). Religion sans Dieu, tel que nous l’entendons, ni dogme, donnant une place centrale à l’expérience, le bouddhisme s’appuie sur la raison sans invoquer de « mystères » tels que la Trinité ou l’Incarnation.
Dans ce cahier en deux parties, Jean-Robert Charles, notaire honoraire, nous présente le bouddhisme, avec son histoire et ses grands principes ; puis Bernard Reymond, professeur émérite de théologie pratique à l’Université de Lausanne, pose quelques questions qui mettent le bouddhisme et le christianisme face à face.
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