Nous vivons dans un monde où la peur est soigneusement entretenue à des fins plus ou moins avouables. Les médias, l’ambiance générale en période de crise, suscitent des réactions humaines, trop humaines, qui conduisent à la peur de « l’autre », et au désir d’exclusion. Il est vrai que la délinquance augmente en raison du chômage, il est vrai que la misère du monde frappe à nos portes. Mais nous pourrons construire toutes les prisons du monde, élever des murailles autour de nos frontières, rien n’empêchera le mouvement inéluctable qui conduit les nantis à ce sentiment d’insécurité. Alors ?
Alors à quoi bon chercher à aider ceux qui risquent de nous spolier, ils sont trop… trop nombreux, trop violents, trop sales. À quoi bon accueillir ceux qui mettent en danger nos richesses matérielles ou morales ? À quoi bon s’occuper des détenus qui ont bien mérité leurs peines, des réfugiés qui auraient dû rester chez eux, des SDF qui n’avaient qu’à se méfier…
Alors, nous qui disons suivre Jésus de Nazareth, peutêtre pourrions-nous nous calfeutrer dans nos églises et dans nos temples ? Y trouver refuge et le « secours de la religion » ? Nous sommes si bien ensemble à nous remémorer le bon vieux temps où le « christianisme » officiel remplaçait le souci et la difficulté d’être disciple ! Quelques prières le dimanche et hop ! Nous pouvions rentrer chez nous, heureux du devoir accompli et nous n’y rencontrions ni taulards, ni réfugiés, ni clodos… rien que des gens fréquentables…
Ce monde de « Bisounours » n’existe plus… A-t-il d’ailleurs jamais existé ? «
Des pauvres, en effet, vous en avez toujours avec vous » (Mt 26,11), dit Celui que nous voulons servir.
Alors, pour ne pas être dérangés, il m’a été suggéré par un ami, et j’ai trouvé cela fort pertinent, de supprimer le chapitre 25 de l’évangile de Matthieu. Vous savez, celui où il est dit : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger… j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, en prison et vous êtes venus à moi… » (Mt 25,16) Et plus loin : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40)
Arrachons ces pages gênantes, perturbantes, et restons-en à nos heureux dimanches ! Nous serions entre nous, sûrs de notre bon droit, oublieux de tous ceux pour lesquels Jésus est venu, qu’on les nomme publicains, collecteurs d’impôts, prostituées ou taulards, sans-papiers, SDF… et nous serions tellement en sécurité !
À moins que…
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