Étape importante dans l’histoire des périodiques protestants libéraux d’expression française : dès le présent numéro de janvier 2009, la rédaction du périodique suisse romand Le Protestant rejoint celle d’Évangile et liberté, son équivalent français fondé en 1886 ; ces deux publications n’en faisant désormais qu’une seule. Ce n’est évidemment pas sans un pincement de coeur que les Suisses participant à l’entreprise voient disparaître le titre de leur publication au profit du titre français, mais des raisons d’ordre administratif et juridique l’ont emporté sur le désir de faire perdurer un intitulé vieux de plus d’un siècle et demi.
Fondé à Genève en 1831 pour soutenir la cause d’un protestantisme libéral et multitudiniste, Le Protestant est l’un des plus anciens périodiques protestants d’expression française, en tout cas le plus ancien de Suisse romande. Sous un format relativement modeste, il s’est longtemps appelé Le Protestant de Genève et était le bulletin de l’Union Protestante Libérale de ce coin de pays. En 1948, il est passé au format journal pour défendre la cause du protestantisme libéral au sein d’une Église, toujours celle de Genève, où les milieux de tendance orthodoxe cherchaient à le réduire au silence. Il est devenu résolument romand en 1965 avec l’arrivée de plusieurs collaborateurs vaudois qui jugeaient eux aussi nécessaire de faire entendre plus clairement la voix libérale dans les Églises de Suisse romande.
Depuis plus de trente ans, les principaux responsables du Protestant et d’Évangile et liberté se sont demandé à de nombreuses reprises s’il ne serait pas plus sage et surtout plus efficace pour la défense et l’illustration des idées qui leur sont communes de fusionner ces deux publications. Mais le pas était difficile à franchir en dépit de l’indéniable amitié qui les unissait. Ils Évangile et liberté et Le Protestant font désormais cause commune, mais sous un seul titre étaient toutefois parvenus à un tel degré de confiance réciproque qu’ils pouvaient s’emprunter mutuellement des articles sans même en solliciter l’autorisation. Des signatures familières aux lecteurs du Protestant le sont aussi à ceux d’Évangile et liberté, et réciproquement. C’est dire si, avec le pas qui vient enfin d’être franchi, les anciens abonnés au Protestant vont retrouver dans les colonnes d’Évangile et liberté un ton et des ordres de préoccupations qui leur sont familiers, mais dans une autre présentation. L’emballage change, mais pour l’essentiel le produit reste le même.
La rédaction est désormais constituée de collaborateurs suisses et français. Pour elle, c’est un défi nouveau à relever. Les anciens collaborateurs au Protestant en savent quelque chose : quand il est devenu plus romand que genevois, en 1965, ils ont dû apprendre à penser en fonction de toute la Suisse romande et non de ce qui se passait dans leur canton ou leur Église cantonale seulement (en Suisse les cantons ont une importance plus grande que les régions en France). Désormais, les collaborateurs français d’Évangile et liberté vont devoir penser à la part non hexagonale de leur lectorat, et leurs collègues suisses prendre la plume (ou pianoter sur leur ordinateur) en tenant compte d’un auditoire plus large et plus diversifié qu’auparavant – les uns et les autres en pleine conscience du fait que les idées reçues dans les domaines social, politique ou même religieux ne sont pas nécessairement les mêmes de part et d’autre du Jura.
Merci aux uns et aux autres, aux lecteurs comme aux collaborateurs, de participer avec entrain à cet effort d’intégration réciproque. Nous nous réjouissons d’unir ainsi nos efforts pour défendre ensemble et dans l’enthousiasme un christianisme d’ouverture.
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