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2. Parler de la vie avec Dieu

John Spong, cet évêque anglican étasunien dont Évangile et liberté a déjà publié plusieurs textes, estime que dire Dieu, parler de Dieu, c’est être entraîné au-delà des limites de l’humanité. Il préfère parler de ce qu’est la vie avec Dieu.

  les mots dont nous disposons sont des mots humains limités par le temps, l’espace et notre expérience humaine. Et Dieu, quel qu’il soit, est évidemment au-delà de nos limites humaines. Plus nous le définirons de manière précise, moins nous serons exacts.

  Mon analogie favorite est celle des chevaux qui ne peuvent échapper aux limites des chevaux. Ils ne peuvent comprendre le monde que d’un point de vue de cheval. Ils ne comprendront jamais ce qu’est une vie d’homme. De même les hommes ne peuvent échapper aux limites humaines et ne comprendront jamais ce qu’est la vie de Dieu. Je me suis toujours demandé comment nous pouvions nous efforcer à comprendre ce qui est au-delà de notre compréhension et que nous persécutions ceux qui comprenaient autrement que nous.

  La seule chose que nous pouvons dire est ce qu’est pour nous la vie avec Dieu. On peut toujours parler d’une expérience humaine puisqu’elle fait partie des limites de notre connaissance. Lorsque je dis Dieu, je parle de ce qui m’entraîne au-delà des limites de l’humanité, de ce qui me rend capable de vivre, d’aimer et d’être.

  Lorsque quelqu’un demanda à l’auteur de la première épître de Jean de définir Dieu, celui-ci répondit « Dieu est amour ». Il me semble qu’il voulait dire par là que c’est l’amour qui permet la vie. Les hommes ne peuvent pas créer de l’amour. Avant de donner de l’amour il faut d’abord en recevoir. On ne peut pas conserver l’amour qu’on reçoit. L’amour qu’on ne partage pas disparaît. L’amour est un pouvoir qui nous relie à ce qui est au-delà de nous. L’amour est une puissance qui nous rend capables de franchir les limites de l’humanité et d’atteindre au transcendant. L’amour se manifeste toujours dans la préservation de la vie.

  Peut-être devrions-nous arrêter de parler d’aimer Dieu ou d’être aimé par Dieu puisque ces expressions suggèrent que Dieu serait un être. Il faudrait peut-être relier toujours notre expérience de l’amour avec l’expérience de Dieu. Cela signifierait que le mot « Dieu » est une élaboration humaine destinée à caractériser notre expérience de la transcendance, et qu’elle nous appelle à nous engager plus profondément dans notre humanité. Si Dieu est l’amour qui fait vivre, l’amour du prochain consiste à l’aider à vivre son humanité. À partir du moment où l’on dépasse le problème du langage et où l’on ne parle plus de Dieu en soi, mais de notre vie avec lui, on peut reprendre sur cette base l’histoire de Jésus et comprendre : « Qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » (Jn 10,10)

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À propos John S. Spong

a été pendant plus de 30 ans évêque de l’Église épiscopalienne de Newark (New Jersey, USA). Actuellement retraité, il est un théologien libéral reconnu.

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