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Un chercheur de liberté

 

Il s’agit d’une enquête théologique menée en urgence, conduite en un temps record.

La pasteure Janet Levovsky ne serait pas une « chrétienne croyante ». Elle ne croit pas que Jésus soit le fils de Dieu. C’est ce que conclut Thomas, auditeur des cultes et surtout étudiant en théologie en stage auprès de cette jeune et sympathique pasteure. C’est grave, très grave, un véritable chrétien ne peut qu’être convaincu que Jésus est vrai Dieu et véritablement homme.

Comment poursuivre son stage « sous la houlette d’une personne qui n’était pas vraiment chrétienne » ?

Quelle tristesse, que de doutes que de colère aussi, contre l’église, l’université. Quel malaise, quelle attitude adopter, dénoncer une hérésie ? demander à changer de stage ?

Après le culte, Thomas se confie à son épouse qui suggère de parler à la pasteure de sa prédication.

Cette dernière lui raconte son propre cheminement. Thomas interroge sur la divinité de Jésus, le sacrifice expiatoire, la résurrection ? Les réponses augmentent la perplexité du malheureux. « Je pense que ces sujets sont importants, mais ils m’apparaissent moins comme des aspects fondamentaux de la foi que comme de gros obstacles qui empêchent les gens de suivre Jésus », déclare la pasteure.

Janet Levovky introduit la notion d’Esprit qui est vraiment Dieu avec nous.

« Pouvait-il y avoir plusieurs manières d’être chrétien ? » Pour lui il devait y avoir un accord total sur les questions fondamentales.

Le jeune homme poursuit son enquête auprès d’un autre étudiant stagiaire d’origine coréenne. Pour lui : « Si Dieu s’est révélé en Jésus, alors Dieu doit être comme Jésus ». Chan-Hie ajoute que cela lui « paraît très chrétien, plus que de se contenter d’accepter ce qu’on nous dit de croire quand cela ne s’accorde pas avec notre expérience ».

La rencontre suivante se passe dans le bureau d’une enseignante catholique. À partir d’exemples, elle constate : « il arrive que l’orthodoxie d’une génération devienne l’hérésie de la suivante » — et de conclure : « ce qui est advenu relève souvent plus de politique, de jeux de pouvoir ». Thomas admet la force du consensus et la possibilité d’évolution mais la pasteure Levovsky veut s’opposer au consensus. Comment cela peut-il être chrétien ? Chan-Hie s’interroge sur « qu’est-ce donc que le logos » ?

Thomas est à la fois fasciné et troublé. D’autres questions apparaissent, Quelle est la singularité de Jésus ? Jésus diffère-t-il de nous en degré ou en nature ? En quoi est singulière la relation de Jésus et de Dieu ? Thomas croit que Jésus est l’unique Christ et rédempteur. Alors se pose le problème de la mission. « Vous avez l’air de penser que toutes les religions se valent », s’insurge-t-il.

L’enquête se poursuit auprès d’amis. : « Nous devons nous demander ce qu’est véritablement le salut »

Après un dîner d’interrogations et de recherches persiste une grande interrogation « comment Dieu pouvait-il être dans quelque chose ? Comment penser la présence de Dieu ? En termes de rencontre ? ou alors Dieu est-il à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de l’expérience ? »

Samedi matin, après avoir mal dormi, Thomas tente de faire le point avec un papier et un crayon. Thomas se demande : « Dans les points évoqués quels sont ceux qui sont justifiés et qu’est-ce qui les unis ? »,

Suite à quoi Thomas décide de se rendre à une réunion de l’association bouddhiste. L’expérience est douloureuse. Lors de narration d’expériences existentielles confrontées à des affirmations dogmatiques, il n’a rien à dire. Alors quelle est son identité de chrétien ?

Le récit se poursuit par des échanges à plusieurs, avec des professeurs et des personnes de plus en plus avancées dans ce questionnement polymorphe.

« Il n’existe pas de solution simple et définitive », déclare le professeur Wilson.

Le but des différentes religions diffère, les moyens aussi. Une éminente universitaire exprime son point de vue : « Nous pouvons témoigner avec passion et assurance de la vérité de notre foi tout en laissant complètement ouverte la question de la vérité d’autres formes de foi. Je trouve que c’est libérateur ».

La présentation en quatrième de couverture s’achève par cette phrase : « Thomas est devenu un chercheur de liberté » et nous lecteur ? u

John B. Cobb Jr, Thomas pris de doute, Paris, van Dieren, 2022, 98 pages.

 

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À propos Michèle Pourteau

a été enseignante en IUFM pour la formation des professeurs des écoles. À la retraite, elle poursuit des activités de formation, que ce soit au Bénin à Songhaï, centre de formation agricole pour l’élaboration des projets d’entreprise des agriculteurs, ou dans le cadre d’une université de théologie en ligne (domuni.org).

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