Lorsque nous ouvrons la Bible, et commençons à la lire par le début, comme s’il s’agissait d’un roman, nous pouvons vite être découragés au bout de quelques chapitres en lisant des listes de généalogies et des textes de guerres et conquêtes de territoires…
Mais si nous continuons, ou si nous cherchons à lire des textes plus courts, nous pouvons être attirés par un titre ; au fond, c’est une bibliothèque élaborée sur plusieurs siècles, avec des noms comme ceux-ci : Cantique des Cantiques, Proverbes, L’Ecclésiaste (ou Qohelet)…
L’Ecclésiaste est un petit livre de sagesse, attribué au roi Salomon, fils de David, constructeur du temple de Jérusalem, et qui a eu l’honneur de recevoir une reine qui a fait le voyage depuis Saba, en Éthiopie, afin de le connaître personnellement, car sa réputation de roi sage avait largement dépassé les frontières de son Royaume d’Israël et Juda. Salomon se présente, dans ce petit livre de 12 chapitres, comme celui qui a été vraiment gâté par la vie : roi, riche, renommé…
Mais il sent que sa fin approche, et il remonte le temps de son parcours de vie et en arrive à la conclusion qu’il peut être satisfait du fruit de son travail et de ce qu’il a reçu et vécu tout au long de sa vie, mais qu’au fond, ce qui en vaut vraiment la peine à la fin, ce sont les petites choses qui donnent du plaisir à savourer dans la simplicité. Il parle du plaisir de vivre, de jouir de la lumière, de découvrir et partager la sagesse. Il ne se prive pas de critiquer les injustices du monde qui l’entoure, la pauvreté, la guerre, les gens qui se laissent diriger sans se poser de questions…
Le dernier chapitre décrit de manière poétique les effets du vieillissement de notre corps : les fenêtres qui ne s’ouvrent plus bien décrivent les oreilles ; les meunières trop peu nombreuses, les dents qui cessent de moudre ; on a des frayeurs en chemin, parce qu’on perd l’équilibre ; l’agilité de « la sauterelle » qui fait défaut, et les épices qui n’ont plus de goût… Il ne manque pas d’humour parfois aussi, car cela fait partie des plaisirs de la vie.
Plus tard un de ses proverbes dira qu’« il vaut mieux un repas de légumes avec amour qu’un bœuf gras avec de la haine et des disputes ». Ici, il nous parle de ce temps qui passe si vite et qui est fait de tant de contrastes : vivre, mourir, aimer, haïr, coudre, déchirer, construire, rebâtir…
On a proposé de dire que l’autre titre de ce livre, en hébreu, Qohelet, qui est une forme féminine surprenante pourrait être traduit par « la rassembleuse », au fond, celle qui nous appelle tous à la fin de notre vie, la mort, et qui nous pousse à réfléchir sur son sens…
Notre vie est pleine de ces expériences : nous aimerions au fond être toujours dans l’amour, le positif, le construire… Nous vivons quotidiennement ces deux moments si importants : la vie, la mort, et le sens que nous leur donnons : la vie en plénitude, le combat devant les difficultés, la maladie… Il y a un temps pour tout, dit l’Ecclésiaste. Un temps pour planter et arracher, pas seulement des fleurs, mais aussi une présence, des souvenirs, un temps pour pleurer et rire, pour gémir et pour danser…
Et l’Ecclésiaste conclut en rappelant qu’il n’y a rien de mieux que de manger, boire, éprouver du plaisir dans le travail bien fait, dans le repos, dans ces plaisirs simples de la vie de tous les jours. Nous sommes loin de la béatitude du bonheur parfait à n’importe quel prix, et aussi d’un pessimisme désespérant. Un réalisme terre à terre qui fait du bien, car il aide à vivre au quotidien dans la confiance et l’espérance.
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