entre les mains est un numéro festif ! Nous y fêtons d’abord nos retrouvailles à l’occasion des Journées du protestantisme libéral de la Grande Motte qui n’ont pu avoir lieu l’an dernier en raison de la pandémie. Nous y célébrons également plusieurs penseurs libéraux au travers d’une petite anthologie à laquelle viennent faire écho quelques plumes contemporaines de notre mouvement – et parmi celles-ci, celle d’André Gounelle qui nous offre en ce mois d’octobre sa tant attendue Théologie du protestantisme. Bien sûr, le reproche ne tardera pas à tomber : n’est-il pas incongru de faire la fête au milieu d’un monde dévasté par la guerre, la faim et le dérèglement climatique ? Eh bien non, car ce sentiment d’incongruité repose en fait sur une confusion lexicale. Fêter ce n’est pas que s’amuser, sabrer le champagne et rire de bon cœur. En allemand, le terme feierlich ne sert pas tant à désigner un événement festif qu’un moment solennel.
Fêter des retrouvailles, célébrer un penseur ou un proche, c’est affirmer de manière solennelle que ce que nous célébrons a pour nous une valeur incommensurable : l’amitié, la pensée, la vie, la liberté. Oser célébrer un événement, ce n’est pas nier le réel – c’est au contraire affirmer, face à ce réel et aux souffrances qu’il charrie, que ce que nous célébrons possède une portée bien plus grande que le malheur qui nous entoure. Fêter, c’est confesser que ce en quoi nous croyons est plus grand que ce qui tente de le renverser. C’est donc un acte de foi ! À l’approche de Noël 1943, Dietrich Bonhoeffer rédigea depuis sa prison une lettre destinée à son ami Eberhard Bethge dans laquelle il l’invitait à fêter Noël, tout de même. Il lui rappelait en particulier cette strophe d’un cantique de Paul Gerhard qui manifeste ce que pourrait être l’horizon de toute fête véritable : « Laissez aller, chers frères, ce qui vous tourmente, ce qui vous manque. Je restaure tout. »
Pour faire un don, suivez ce lien