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Où Dieu s’en est-il allé ?

 

Ce tout récent livre de Gérard Siegwalt part d’un double constat : celui de l’oubli de Dieu qui caractérise notre modernité ; celui de l’échec de la modernité que manifestent entre autres les catastrophes écologiques et climatiques. Des discours pieux en déduisent une condamnation de la modernité sans percevoir ce qu’il y a de juste dans son rejet d’une religion aliénante, et préconisent la restauration inefficace et impraticable d’une religion qui a échoué. En évitant ces simplismes, G. Siegwalt s’interroge sur les chemins à prendre.

L’oubli de Dieu naît de la réaction excessive, mais compréhensible, d’une raison que la religion a asservie. Il tient aussi à une religion qui a enfermé Dieu dans des dogmes et des rites. D’un côté, Dieu se retire et se libère d’un système religieux qui prétend sinon le posséder du moins le maîtriser. De l’autre côté, l’humanité se délivre du joug du « supranaturalisme » religieux et conquiert son autonomie. Ce double mouvement, positif dans son principe, a eu pratiquement des conséquences négatives : la marginalisation et la sclérose de la relation vivante avec Dieu ; les impasses et les échecs d’une modernité sans transcendance.

Toutefois, les relations ne sont pas rompues. Dans son retrait, Dieu reste présent comme offre, tandis que l’humanité autonome pousse un « cri », qui est appel à un « dieu inconnu ». Comment faire se rencontrer l’offre et l’appel ? En tout cas pas en restaurant, à supposer que ce soit possible, la situation ancienne qui lèse à la fois Dieu et l’homme. Il s’agit de penser et de vivre Dieu (le même Dieu) « à nouveaux frais », de réinventer son nom, ce qui ne veut pas dire le fabriquer, mais le découvrir ou, plus exactement le laisser venir dans une sorte d’accouchement qui brise le tabou qui dans notre monde interdit de parler de Dieu et qui ouvre le religieux sur un monde à prendre positivement en compte dans sa profanité.

Ce livre à la fois spirituel, ecclésial et universel est exigeant pour le lecteur, car il ne s’agit pas seulement de comprendre des idées, mais d’entrer dans une méditation qui met en jeu ce que nous sommes, qui bouscule nos catégories et nous invite à des réorientations profondes. Il est aussi réconfortant, édifiant comme on disait autrefois, car une grande confiance et une immense espérance l’animent.

Gérard Siegwalt, La réinvention du nom de Dieu, Genève, Labor et Fides, 2021, 161 pages.

 

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À propos André Gounelle

est pasteur, professeur honoraire de l’Institut Protestant de Théologie (Montpellier), auteur de nombreux livres, collaborateur depuis 50 ans d’Évangile et liberté.

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