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Il est plus facile de se réjouir à Noël qu’à Pâques.

 

La naissance du Christ semble une immense promesse dans laquelle toutes nos aspirations peuvent trouver leur place. Mais la Passion et la Résurrection nous mettent bien plus à l’épreuve. Elles attaquent autant notre incrédulité que notre désespoir. Le dimanche de Pâques devrait être un jour heureux, peut-être le plus heureux de l’année ; pourtant ne sera-t-il pas difficile de songer à la Résurrection cette année, alors que nous sommes si nombreux à avoir perdu des proches ? La foi et la joie ne se commandent pas. Le calendrier religieux peut sembler presque déplacé face aux événements extérieurs.

Peut-être faut-il y voir une bonne chose. Non que le rite, par sa régularité, offre un quelconque réconfort ; au contraire, à des cœurs épris de réforme, le rituel doit être inconfortable, sinon pourquoi vouloir le changer ? Puisse au moins cette fête de Pâques nous rappeler le scandale, voire l’obscénité de cette mort autant que de cette résurrection. Et si c’est le doute par rapport à la célébration qui domine en nous, si les tragédies récentes ou anciennes nous empêchent de nous réjouir de la sortie du tombeau, si nous nous sentons incapables de nous écrier : « Mort, où est ta victoire ? » ; ou même si simplement nous ne comprenons pas ce que nous sommes censés célébrer ; alors nous ne sommes pas moins chrétiens.

Peut-être ne ressentirons-nous pas de joie à Pâques cette année. Et même, il est possible que certains d’entre nous ne ressentent rien, épuisés par le confinement, le chaos et l’incertitude. Il n’y a pas de score dans les fêtes religieuses, ce ne sont pas des événements sportifs. Elles n’exigent pas de nous une performance mesurable. Nous pouvons au moins espérer qu’au moment de célébrer la vie et la mort du Christ, nous soyons libérés de l’idée d’échec ou de réussite.

 

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À propos Adrien Duclos

est développeur informatique à Paris. Il est membre du comité de rédaction d’Évangile et liberté depuis 2020.

Un commentaire

  1. hpcanette@free.fr'

    Ancien journaliste et gardant quelques solides contacts à Rome, je me permets de vous adresser ce « papier ». Dites moi simplement ce que éventuellement, vous en ferez.
    Cordialement

    Patrice Dunois-Canette

    Les dernières cartes du Pape François

    Le Pape François a redonné vie, alimenté même les attentes sur le renouvellement de l’enseignement romain concernant la sexualité, le mariage, la famille. De celles et ceux qui pensent que l’Église a quelque chose à dire de plus « contemporain » et de plus Évangélique sur l’amour et la sexualité, la filiation et la parentalité, les choix de vie et la conscience.

    Impossible d’ignorer qu’en occident le mouvement de désaffection qu’a connu l’Église à cause de la doctrine qu’elle professe sur ces questions connaîtra une nouvelle vague si son discours ne change pas; que les pratiques « dissidentes », tolérées, acceptées bon gré mal gré par les évêques s’étendront, s’installeront.

    Veut-il ce Pape François répondre à ces attentes autrement que par des « artifices » de langage, une « posture » aimable et applaudie, un « sentimentalisme » que l’on attribue aux latino-américains ?

    Est-il vraiment ce Pape réformateur que l’on voudrait tellement qu’il soit  et que , déjà, on aurait voulu que soient ses prédécesseurs ? Est-il surtout , s’il correspond à l’image que l’on s’est fait de lui, et aux signes qu’il donne, en capacité même de répondre à ces attentes ? Le récent responsum de la congrégation de la congrégation pour la doctrine de la foi affirmant que, dans le plan de Dieu, il n’y a pas la moindre possibilité de similitude ou même d’analogie entre le mariage hétérosexuel et le mariage homosexuel et surtout que Dieu ne peut approuver le péché et donc que l’Église ne peut bénir les couples homosexuels n’est-il pas un camouflet au Pape, au travail du synodes évêques , à l’exhortation Amoris Lætitia ?

    Quand on constate que la moindre ouverture sur ces questions est perçue par nombre de responsables de la curie -et beaucoup d’évêques à travers le monde et pour ce qui nous concerne français – comme « soumission à la culture contemporaine » , « renoncement » , « brèche » ouvrant sur des abîmes, et finalement « trahison », non seulement de la vérité mais de Dieu, on en doute. Quand on entend le Pape qualifier les attentes de « démesurées », comme si elles contrevenaient au bon sens, on s’inquiète aussi, mais pas pour les mêmes raisons.
    Généreux de cœur, François était-il conscient que la « miséricorde » qu’il prône en ces questions n’est certainement pas possible sans finalement un changement de doctrine ?

    Lors des synodes sur la famille, des cardinaux, des évêques, des théologiens le lui ont dit, sans détours et sans révérence aucune. La question emblématique de l’accueil des divorcés remariés et de leur accès à la communion, celles aussi de la contraception ou la place des homosexuels dans l’Église  les ont vu, vent debout, soutenir, adossés fermement aux productions du magistère, que l’expression de la « miséricorde » n’est pas possible sans changement de la doctrine , que changer la doctrine, c’est rompre la continuité de l’enseignement de l’Église de toujours, c’est trahir la vérité, la loi naturelle et divine, c’est trahir Dieu.

    Déclarer leur position de conservatrice et rétrograde rassurerait et serait de bonne guerre pour les catholiques d’ouverture. Reconnaître par honnêteté que ce clergé défent l’enseignement de l’Église dans toute sa rigueur est plus embarrassant, plus déroutant, infiniment plus vertigineux.
    Ce ne serait pas d’abord ces dignitaires ecclésiastiques qui seraient conservateurs et rétrogrades, ce serait l’enseignement même du magistère romain, l’enseignement relayé par nos évêques et nombre de théologiens , ce serait l’enseignement de l’Église de toujours qui serait conservateur et rétrograde.

    Constatons simplement, qu’ils nous soient aimables ou pas, que ces ecclésiastiques éminents ont, par leur détermination à défendre ce qu’ils croient être « intouchable », « définitif », « irréformable », « intangible », mis l’accent sur un vrai problème. Remarquons aussi qu’ils ont, en regardant comme subterfuges , accommodements  dangereux les pratiques insatisfaisantes, qu’ici ou là , dans le désordre, des évêques tolèrent, encouragent discrètement, mis le doigt là où ça fait mal. Indépendemmant du fait que ces pratiques sont souvent condescendantes, culpabilisatrices et conduites par associations catholiques traditionnelles et/où charismatiques qui donnent le sentiment que le bon et le bien leur appartiendrait, l’écart, le fossé entre la doctrine et les pratiques, n’en ait devenu par là, de fait, que plus insupportable, les attentes plus fortes encore.

    Afin d’ imaginer le chemin à parcourir pour enfin répondre aux attentes , ne serait-il pas plus sérieux, plus vrai, sincère, honnête de reconnaître que ces partisans du statu quo n’ont pas tort quand ils assimilent leur « combat » à la défense de l’enseignement officiel inchangé et fustige les entreprises pastoralesqui en atténuent la portée , la contourne de manière « frauduleuse » ?

    Il faut que les catholiques d’ouverture arrêtent « de se mentir » en adoptant la posture de celui des trois singes qui ne veut pas voir : oui, les mots de l’écoute, de la bienveillance, de la charité émis depuis longtemps et repris par le Pape François avec bonheur ne changent pas fondamentalement les enseignements du magistère, la doctrine de  l’institution. On le voit dans les débats récurrents sur les divorcés-remariés, la contraception, les sexualités, les familles, la PMA, la GPA, la recherche sur le vivant… On le voit à l’occasion de la révision de la loi bioéthique. On le voit en comparant les discours de l’après Concile et ceux d’aujourd’hui : les crispations se font fortes et le la loi naturelle est maintenant érigée en dogme, l’écologie intégrale et son « tout est lié » mobilisé pour ne rien bouger.
    Si le Pape François veut répondre aux attentes sur la sexualité, le mariage, la famille , il lui faudra engager un réexamen de l’enseignement de Paul VI, de Jean-Paul II et de Benoît XV sur les normes morales auxquelles, quelles que soient les circonstances, on ne peut « moralement » déroger, sur les « actes intrinsèquement mauvais » qui sont « péchés mortels, » sur la conscience qui en aucune circonstance n’a le droit de faire exception à ces normes morales , sur « la loi naturelle »… Il lui faudra revenir sur la légitimité d’une certaine « infaillibilisation » de l’enseignement du magistère pontifical, des textes publiés par la Congrégation pour la doctrine de la foi et du droit canon soutenu tout particulièrement par Jean-Paul II et Benoît XV.
    L’Église peut-elle faire l’économie d’ interroger l’anthropologie culturelle, la ou des théologies qui sous-tendent les positions défendus jusqu’alors ? Peut-elle se dispenser de questionner l’identification à la doctrine de l’Église de cette ou de ces théologie ? Ne doit-elle pas encourager la confrontation entre la doctrine et l’expérience de tous les laïcs et pas seulement des couples choisis pour être auditionnés par les pères synodaux ? … Ne doit-elle pas, si elle veut sortir des impasses, privilégier une certaine prudence dans l’utilisation de l’argument scripturaire, le recours aux références bibliques et aux paroles de Jésus sorties de leur contexte, la valorisation de modèles de la femme ou de la famille qui ont fait les beaux jours d’hier pour asseoir des certitudes théologiques et doctrinales et prescrire des conduites que beaucoup choissisent d’ignorer?
    La doctrine de l’Église a une histoire, celle ci n’est pas immuable , la « compréhension de l’homme change avec le temps » (Pape François). L’Église ne peut continuer à habiller Dieu comme le constant objecteur, contradicteur, contempteur des manières de vivre, d’aimer, de donner la vie des femmes et des hommes. Ne pas tout accepter en bloc des enseignements de l’institution, ce n’est pas tout rejeter et pas tout renier, ce n’est pas quitter la foi, ce n’est pas non plus se détourner des horizons proposés.

    Si le Pape s’avance sur les chemins d’une refondation , alors il sera confronté à des ecclésiastiques, cardinaux, évêques et prêtres, théologiens et groupes de laïcs conservateurs appelant plus fort encore que lors des derniers synodes, à résister , lui faisant un procès en destitution pour hérésie, sournois et paralysant et , François avançant en âge, menant déjà campagne pour que lui succède un pape « fidèle » aux vérités de toujours. Ou en tout cas à celles défendues par Paul VI et plus fermement encore par Jean-Paul II et Benoît XV. Il est vrai que les rumeurs sur l’éventuelle renonciation de François ont déjà depuis quelque temps alimentés des « ambitions », réveillés en tout cas les rancœurs des cardinaux et personnels de curie qui disent n’avoir pas élu ce Pape venu d’Amérique latine pour « ça ».

    De quelles cartes donc le pape François dispose-t-il encore dans ce paysage de « guerre civile catholique» pour être la « boussole » de l’Église sur ces questions et ouvrir des perspectives  ? Le courage des mots ? La tenue de synodes nationaux et continentaux ? La mobilisation de la « base » et l’appel au bon sesn (sensu fidei) des fidèles ?
    La convocation d’une année sur la famille (19 mars 2021-22 juin 2022) et la place qui y sera donnée ou pas à la question emblématique des divorcés remariés , confirmera ou infirmera le désir d’ouverture du pape François, confirmera ou infirmera sa capacité politique à sortir des blocages.
    Refuser le débat sur la doctrine portant sur les sexualités et les amours, maintenir le statu quo sur la question emblématique des divorcés remariés c’est aussi , il ne faut pas s’y tromper tenir verrouillé le débat sur l’accès des femmes aux ministères ordonnés, la place des femmes à l’autel et la gouvernance de l’Église.

    Patrice Dunois-Canette

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