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Un sondage récent

 

indique que 55 % des Français souhaiteraient le retour de la peine de mort. Admettons qu’il soit représentatif. Il y aurait donc une majorité d’électeurs qui estime qu’il est juste pour un État d’ôter la vie à des citoyens. La libérale que je suis trouve cette idée terrifiante. Vous pourriez encore dormir, si vous étiez juré aux assises et que l’on vous demandait de choisir ? La mort ou la vie pour tel accusé. Vous pourriez encore être heureux ? Vous regarder dans un miroir ? Et les erreurs judiciaires existent. Il y a donc des millions de personnes prêtes à prendre le risque d’ôter la vie à un homme qui serait innocent ? Et quand bien même vous auriez toutes les preuves que l’accusé est coupable. Même si personne ne pouvait savoir ce que vous avez décidé, même du bout des lèvres, même « juste » par un vote, au milieu d’autres jurés. Même en diluant la responsabilité de la décision. Si vous aviez participé à la mise à mort d’un être humain, votre propre humanité en souffrirait.

La peine de mort n’a aucune efficacité. Si elle était dissuasive, cela se saurait : les taux de crimes seraient plus bas dans les pays qui la pratiquent, or ce n’est pas le cas. Les personnes qui commettent des viols, des meurtres, des assassinats, ne sont pas dissuadées par la peur d’être condamnées à mort. Peut-être en partie parce que quand son humanité est à ce point dégradée que l’on est prêt à imposer une telle horreur à un autre, on est déjà du côté de la mort, pas du côté de la vie. Il y a bien peu de sujets pour lesquels je considère que l’« on ne peut pas être chrétien et… » mais pour celui-ci, il y a une réelle impossibilité. On ne peut pas être chrétien et être pour la peine de mort. On ne peut pas être de ceux qui aiment le Dieu vivant et être du côté de la mort. Il est même de notre devoir, nous qui aimons la vie, de refuser que ceux qui sont du côté de la mort gagnent du terrain. Les êtres humains sont faits pour la vie.

 

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À propos Abigaïl Bassac

est titulaire d’un master de l’École Pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) et étudiante en master de théologie à Genève. Elle est assistante des enseignants à l’Institut Protestant de Théologie et directrice de la rédaction d’Évangile et liberté.

2 commentaires

  1. dmmg@outlook.fr'

    Merci pour votre article dont je partage l’orientation. Chrétien mais également libre penseur, je trouve cela effarant. Une force de déshumanisation est à l’œuvre dans notre société qui condamne la violence d’un côté et en même temps est prêt à cette violence envers quelqu’un d’autre qu’on veuille la justifier ou non. La loi du talion semble restée d’actualité voir de l’exercice d’une catharsis aveugle comme déchargement de violence collective sur d’autres individus.Cela rejoindrait les théories de René Girard sur le bouc émissaire également.

    Bonne suite à vous….

    David

  2. jeanmichel.dumay3@orange.fr'

    Bonjour, je vous rejoint dans votre ressenti, nous avons connu un courant humaniste au sein de nos sociétés démocratiques. La vie alors était moins dure à tout point de vue. Il faut remonter loin dans le temps, mais partout la vie a changé avec la fin des années 90. Je dois avouer mon désarroi face à des réalités où Dieu et son Fils seuls peuvent me rassurer. Jusqu’au contenu de l’ancien testament relatant la pratique de la lapidation, cauchemar de beaucoup de rabbins qui ont dû passer par là. Le bouc émissaire est aussi une notion bien ancrée dans cet ancien testament, aujourd’hui impensable avec la nouvelle conscience de la souffrance animale qui progresse. C’était la volonté divine du moment. Et aujourd’hui la psychologie nous a éclairés sur bien des aspects des dérèglements mentaux criminels. Mais sans résoudre en profondeur l’énigme du mal, et sa réparation. Que l’on réussisse à empêcher ce retour de la peine de mort est une chose, mais l’autre est de vivre dans ce cauchemar bien réel du mal indéracinable, insaisissable, quand Dieu reste absent de nos vies, livrées à elles-mêmes. Sans ce fameux « Esprit de Vérité » instillé dans son cœur.

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